Dans un entretien accordé au service de communication de la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme, la championne d’Afrique Marie-Josée Ta Lou affirme se préparer pour participer à ses derniers JO.

Nous savons que vous vivez au Etats-Unis et que vous êtes présente actuellement en Côte d’Ivoire. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?

Je suis en Côte d’Ivoire d’abord parce que la Première Dame a son Gala le 1er mars, donc j’ai reçu une invitation. C’est une des raisons pour laquelle je suis là. La deuxième raison est que je suis venue renouveler mes papiers vu qu’il y a les Jeux Olympiques qui arrivent. Il faut déposer les informations pour l’accréditation et vu que je suis mariée maintenant (rire) mon nom change. C’est toujours un plaisir de revenir au pays. J’ai un peu mal, car je reviens après la CAN, parce que j’ai vu l’ambiance qu’il y avait ici. Mais venir ici et voir la beauté du stade Félix Houphouët-Boigny, c’est incroyable.

Comment vous vous sentez pour cette reprise après les vacances ?

Je me sens mieux déjà et je n’étais pas vraiment en vacances parce que pendant la préparation, j’avais repris les entrainements donc je n’étais pas vraiment en vacances. Vous avez vu, je n’avais pas fait de lune de miel parce que la priorité, ce sont les Jeux Olympiques. Donc dès que le mariage est fini, nous avons dû repartir à notre base à Los Angeles pour pouvoir s’entraîner. L’entrainement à continuer donc en ce moment, je me sens bien dans ma peau et je me suis toujours sentie bien. A chaque fois que je cours, je donne toujours le meilleur de moi.

Pour cette séance d’entrainement, quel était le menu ?

Vu que je suis arrivée ici le lundi, le coach n’a pas voulu que je prenne de risque. Il voulait voir comment je me sentais et enlever la fatigue dans mon corps, donc 5 fois 150 mètres, c’est juste relax.

Quelle serait la première compétition officielle de Marie-Josée Ta Lou ?

Normalement, je suis censée commencer en avril avec le relais 4X 100 mètres avec les filles à Los Angeles et peut être faire un 200 mètres, mais nous verrons. C’est comment je vais me sentir pendant la préparation si le coach sait que je suis en forme et apte à partir, là je ferai les 200 mètres sinon je ferai que le relais avec les filles. En avril, ce ne serait pas vraiment une compétition en tant que tel pour moi, c’est juste l’entrainement vu qu’après il y a les 4X 100 mètres avec le relais (fille) pour les championnats du monde de relais aux Bahamas donc c’est plus pour se préparer pour ça.

Vu que nous savons que tu es déjà qualifiée pour les JO au niveau des 100 et des 200 mètres, quelles seraient les grandes articulations de ta préparation ?

Sur ça, mon coach est bien placé pour répondre à cela, parce qu’il sait ce qui me manque. J’ai déjà la vitesse et le talent, après il y a toujours un petit couac qui arrive pendant les championnats et que nous n’arrivons pas à détecter. L’année dernière, j’étais sûre à 100% que j’allais ramener la médaille d’or, parce que je savais de quoi j’étais capable, mais il y a une petite chose qui a manqué, c’est-à-dire mon temps de récupération entre la demi-finale et la finale puisque ma demi-finale était la plus difficile. Je ne veux pas dire que je me suis donnée à 100%, mais après, j’ai 35 ans et je n’ai pas la même manière de récupération que les autres et voilà, ça c’est joué sur ça. Cette année, franchement dire, le Président de la république m’a apporté son soutien, depuis 2022, et cette année encore, il m’apporte son soutien.

Le président de la fédération fait également de son mieux. Avec mon âge, j’ai toujours besoin de travailler sur mon physique, beaucoup récupérer, je mets tous les moyens de mon côté, car ce sont mes derniers JO et je veux me donner à 100% pour pouvoir terminer en beauté.

Justement, en 2016, vous tombez au pied du podium, en 2020, ça n’a pas été et quand nous allons pour 2024, qu’est-ce que vous vous mettez en tête ? C’est une revanche ?

Je ne veux pas avoir cette mentalité, parce qu’à force de dire que nous voulons prendre une revanche, franchement dire, vous êtes focalisés à prendre la revanche et après vous passez à côté de votre finale. Je travaille sur ce qui n’a pas marché, je reste concentrée, je ne reste pas distraite, mais focalisée sur ce qu’il y a à faire. Je ne suis pas trop excitée également. Ce qui fait la différence, c’est l’exécution de la course et la finition. Franchement dire, je ne me mets pas de pression.

Vous avez dit tout à l’heure que ce sera vos derniers JO, vous irez avec quel objectif ?

Objectif podium, objectif médaille d’or, parce que je ne vais pas quitter ces derniers Jeux Olympiques sans avoir une médaille. Je sais qu’avec la course individuelle et le relais des filles, nous allons nous donner à 100%.

Votre qualification se jouera aux Bahamas, est-ce que vous y croyez véritablement ?

Oui, j’y crois véritablement, je sais qu’avec les filles, c’est du talent maintenant après comme nous le disons, le relais ce n’est pas une affaire d’avoir des filles fortes, mais c’est la cohésion. Moi, j’ai la foi et les filles sont motivées à bloc donc c’est l’ambiance dans le groupe qui va donner encore une motivation d’aller chercher quelque chose.

L’année dernière vous avez fini 2e à la diamond league (100 et 200 m). Pour cette année et pour cet exercice, vous serez forcément très attendu ?

Nous verrons ce que Dieu va décider, sinon moi, j’ai toujours la possibilité d’être sur le podium en diamond league. L’année dernière, je suis revenu de blessure une semaine après vu que je me suis blessée au championnat du monde et ce n’était pas évident que je fasse la finale de la diamond league. Dieu faisant, je fais du bon temps et j’ai terminé 2e, donc nous verrons.

 

Comme ce sont vos derniers JO, qu’est-ce que vous voulez que les Ivoiriens et la jeunesse retiennent de vous ?

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, il ne faut pas se décourager parce que moi, je sais d’où je viens. J’étais à un point où les gens doutaient de moi, mais aujourd’hui je suis l’une des meilleures athlètes au monde et en Afrique, je suis la meilleure. En athlétisme, ce n’est pas évident et ceux qui le connaissent savent que c’est le haut niveau. C’est un rêve qui est devenu réalité, car quand je commençais, c’était juste pour faire plaisir à ma mère, parce que pour elle, je devais être assise dans un bureau. Donc c’est pour lui montrer qu’en tant que fille, nous pouvons faire ce travail. Arrivé un moment, c’était pour montrer au monde que je pouvais venir de l’Afrique et être au top mondial. Ma famille, mon Dieu et mon entourage m’ont donné la force, car à un moment, j’ai voulu abandonner.

Ceux qui connaissent l’athlétisme savent que ce n’est pas facile de performer à 35 ans, mais moi, je suis au top niveau avec mon âge. Ne pas écouter ce que les gens disent, tant que vous avez l’amour, tant que vous mettez du sérieux dans ce que vous faites et tant que vous avez la foi, vous allez avancer.

Vous êtes la première supportrice d’un jeune qui se nomme Traoré Cheickna ?

(rire) je n’ai pas encore eu la chance de le voir, parce que l’année dernière, ils étaient aux jeux de la francophonie. Je l’ai connu grâce au Président qui va toujours dénicher des talents un peu partout dans le monde et c’est une pépite qui se relève. Je pense qu’avec Traoré Cheickna, Cissé Gue Arthur, Koné Ismaël et bien d’autres, nous aurons un relais 4 fois 100 mètres qui sera de feu. C’est une fierté pour moi quand je sais que je vais arrêter, mais il y a une jeunesse qui vient derrière.

Quel est le message à l’encontre du peuple Ivoirien avant le début des JO ?

Priez pour nous, comme vous l’avez fait pour les Eléphants de Côte d’Ivoire. Priez pour tous ceux qui seront aux Jeux Olympiques pas seulement pour l’athlétisme, mais pour tous les sports Ivoiriens qui seront aux Jeux Olympiques.