Public, journalistes, entraîneurs et maintenant les joueurs. Tous décrient les conditions difficiles dans lesquelles est organisée la Ligue 1 Ivoirienne. Insensible depuis aux cris d’alarme, il est temps pour la Ligue Professionnelle de Football (LPF) de réagir.

 

L’élite du football Ivoirien est passée de la « Première Division » à la « Ligue 1 ». Ce changement de nom de la compétition dénote de la volonté des dirigeants du football Ivoirien de la professionnaliser. Avant 2004, le championnat s’est longtemps joué à deux poules, pour la première partie de saison, avant de se clôturer par une superdivision qui désignait le champion. Cette redynamisation a suscité la création de la Ligue Professionnelle de Football avec pour premier président, Sory Diabaté. Sa mission est d’organiser le championnat et de le professionnaliser. Mais depuis sa mise en place, force est de constater qu’elle peine à jouer valablement son rôle. Malgré l’arrivée de deux diffuseurs télé (RTI et Canal+) sur le championnat à coût du milliard de F CFA, depuis 2017, la Ligue 1 n’est professionnelle que de nom.

Les infrastructures

Avant la crise militaro-politique que le pays a connu il y a 22 ans, le championnat se jouait sur les quatre coins du territoire. Les infrastructures sportives tombées dans un état lamentable avaient également obligé la fédération et la Ligue à programmer la plupart des rencontres à Abidjan. A l’arrivée de Canal+ qui a coïncidé avec le début de la réhabilitation de certains stades, c’est le stade Robert Champroux de Marcory qui reçoit depuis les matchs, à l’exception du Parc des Sports de Treichville, du stade Biaka Boda de Gagnoa et du stade municipal de Yamoussoukro. Certains n’ont pas hésité à qualifier la Ligue 1 Lonaci de « Championnat de Marcory ». La Ligue Professionnelle avait-elle réellement le choix de ne pas s’en tenir qu’au stade Champroux ? Bien évidemment non. Ce stade avec sa pelouse synthétique n’aide pas véritablement les joueurs à s’épanouir dans le jeu. Ils s’en plaignent. Plusieurs y ont contracté des blessures, mettant en danger leurs carrières. Mais la Ligue qui n’avait pas 10.000 solutions ne pouvait faire autrement. Réalité oblige. Car, sous nos tropiques, les infrastructures sportives sont gérées par l’Etat. En Côte d’Ivoire, leur gestion a été confiée à l’Office National du Sport (ONS). Qu’a-t-elle fait depuis les indépendances pour garder ces aires de jeu fréquentables et praticables ? Les Ivoiriens cherchent encore les réponses.

Si la fédération et sa ligue ne sont pas responsables de la disponibilité et de la qualité des infrastructures, elles ne peuvent se disculper de l’organisation de sa compétition qui renvoie encore l’image de l’amateurisme : Un calendrier difficile à cerner, mauvaise programme des rencontres, la communication, la qualité des ballons.
Parlons de la qualité des ballons, Julien Chevalier, entraîneur de l’ASEC Mimosas fut le premier en début de saison à pointer du doigt la qualité des ballons qu’il estime trop gros et mal gonflés. Du matériel qui n’est pas digne de Ligue dite professionnelle. Des ballons de mauvaise qualité utilisés sur une pelouse synthétique sous une canicule insupportable. Les clubs, en particulier les entraîneurs et les joueurs espéraient se tirer de ce calvaire à l’issue de la Coupe d’Afrique des Nations que vient d’organiser de manière fantastique le pays. Ils s’imaginaient toute suite bénéficier des retombées de cette belle organisation. Mais force est de constater qu’ils devront encore patienter avant de goûter aux délices du « véritable professionnalisme ».

Alors que le public Ivoirien et les joueurs s’attendaient à ce que la Ligue 1 Lonaci bénéficie entièrement de l’héritage de la CAN sur la seconde phase du championnat, le week-end dernier, lors de la reprise, le stade Champroux a encore accueilli le gros des affiches, toujours dans les mêmes conditions. À Yamoussoukro, c’est le stade municipal avait sa pelouse pourrie qui a accueilli le duel SOA- Sporting Club de Gagnoa en lieu et place du stade Charles Konan Banny, le synthétique du Parc des Sports a une fois de plus été le théâtre d’une rencontre sans feuille de match pour les journalistes.

 

Des conditions difficiles et inacceptables qu’a voulu dénoncer à son tour le latéral gauche du LYS Sassandra, Dia Wah Mickaël : « C’est vraiment abusé. Depuis le début du championnat c’est pareil. On se plaint mais rien ne change. Nous jouons avec des ballons qui pèsent 2 kilos, qui même dans les championnats du quartier n’existeront pas. Sous cette canicule que toute la population ivoirienne vit, nous jouons sous 32 degré sur du synthétique. Il faut préserver la santé physique des footballeurs locaux. Le public réclame du spectacle, mais si toutes les conditions ne sont pas réunies ça sera difficile pour le football local d’atteindre son paroxysme ». Il a posté ce cri de cœur sur sa page Facebook. L’ancien du Stade d’Abidjan emboîtait le pas à Mohamed Diarrassouba, un autre joueur du championnat : « On joue avec des ballons pourris sur du synthétique sous plis de 32 degré, c’est abusé. C’est trop méchant pour un pays qui vient d’organiser une si belle et grande compétition (la CAN). Les acteurs locaux doivent toujours souffrir même dans le football (pfff). Je ne parle même pas du terrain synthétique. »

 

Que disent les présidents de clubs face à cette situation ? Face aux plaintes incessantes du public et maintenant des joueurs ?

Il est grand temps que la Ligue Professionnelle de Football (LPF) réagisse. Elle doit mettre à disposition des joueurs un meilleur matériel pour offrir au public un jeu de qualité. Elle doit aussi penser à la programmation des matchs sur le synthétique, 17 heures et 19 heures seraient des heures idéales pour les rencontres au Champroux et au Parcs des Sports. Retirer le stade municipal de Yamoussoukro des stades retenus pour la Ligue 1 et encourager le CO Korohogo et l’AS Denguélé à vite retourner à la maison pour recevoir leurs matchs domiciles au stade Amadou Gon de Korohogo.

La Ligue 1 Lonaci qui regorge d’énormes talents a besoin de devenir une véritable Ligue Professionnelle pour mieux se vendre et rester attractive. Ses deux diffuseurs doivent aussi accompagner le processus.