BAKY ÉCRIT – C’est la saison des moustaches. En ce mois de novembre, Baky nous parle de pilosité faciale, mais surtout des origines du mouvement Movember et de son importance. Car oui, au-delà du côté marrant de la moustache, il y a surtout le fait de récolter des dons pour sensibiliser aux maladies masculines. Baky, c’est à toi !

 

Vous les avez sûrement vues fleurir sur les terrains de Top 14 et de Pro D2. En Nationale ou même en Fédérale. Elles sont drues, timides, rares, fournies, hirsutes, clairsemées, vigoureuses, chatoyantes ou encore inconsistantes. Je veux bien entendu parler des moustaches. Cette pilosité faciale qu’arbore bon nombre de joueurs de rugby lorsque le onzième mois du calendrier grégorien pointe son nez.

Déjà, précisons pour certains moustachus que le protocole Movember est très précis. On doit se raser à blanc pour le premier novembre. Et ensuite laisser pousser la moustache tout au long du mois. En taillant et en entretenant les poils qui pousseront entre le nez et la bouche. Donc se pointer avec la moustache d’Hercule Poirot le premier du mois n’entre pas dans le protocole officiel de Movember.

Le mouvement a vu le jour il y a un peu moins de 20 ans. L’initiative de 4 jeunes Australiens qui ont réussi à convaincre 26 de leurs labadens de se laisser pousser la moustache pendant les 30 jours du mois. Pour sensibiliser les hommes aux maladies masculines et aux différents dépistages qui les accompagnent. S’en suivra une collecte de fonds les années suivantes qui viendra donner un élan supplémentaire à cette manœuvre qui ne cessera de croître.

 

En quasi deux décennies, Movember a récolté près de 800 millions d’euros à travers le monde.

Les fonds sont reversés pour la plupart à des centres médicaux de recherche contre le cancer. Si le celui de la prostate est souvent associé à Movember, c’est parce qu’il reste l’un des plus tabous alors qu’il est le cancer le plus fréquent chez l’homme. 380 000 morts chaque année dans le monde. Un peu moins de 9000 pour la France uniquement. Deuxième cause de décès chez l’homme.

La démarche de base tendait à encourager les hommes à se faire dépister. Il faudrait voir s’il y a une corrélation entre Movember et une éventuelle hausse du nombre de dépistages.

Car voilà la crainte, que le mouvement se retrouve dévoyé. Qu’on accentue plus sur le côté social et festif de Movember que sur les examens cliniques par anticipation et sur des données précises qui entourent la recherche et les avancées autour du cancer. Qu’alimenter une cagnotte en ligne nous soustrait au toucher rectal du médecin. De plus, de nombreuses maladies mentales chez l’homme, et notamment la dépression sont peu associées au mouvement dans l’esprit du grand public. D’autant plus que chez le sportif, il y a un véritable abcès à crever concernant la virilité censée entourer les performances sur le terrain.

Raison pour laquelle Movember s’engage aussi dans la lutte contre le suicide chez l’homme. Trois-quarts des suicides sont le fait d’hommes. Cela doit être dit et mis en avant.

En d’autres termes, se laisser pousser la moustache en novembre c’est bien. S’encourager à parler de santé mentale, d’alcoolisme, de pression sociale et dépistage de cancer, c’est mieux. Et si ça doit se faire autour d’une moustache, qu’il en soit ainsi.