Baky écrit : dans l’œil des photographes, ces arrêteurs de temps

Par Ange Purdy

BAKY ÉCRIT – Retiré des terrains depuis l’été 2021, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Ce mercredi, il nous amène à la rencontre des photographes, qui bordent les pelouses du rugby.

Ils s’appellent Jean-Denis, Michèle, Jean-Marc, Stéphane, Serge ou encore Vincent, et ce sont les gilets jaunes des stades.

Chez eux, pas de revendications d’ordre social. Leur seule doléance : avoir une liberté de mouvement autour du rectangle vert. Afin qu’ils puissent immortaliser les prouesses de nos champions.

Ce sont les photographes.

Professionnels ou amateurs, salariés, simples prestataires ou encore bénévoles, ce sont avant tout des passionnés. De photographie et de rugby. Des supporters dans l’âme qui doivent réfréner leurs ardeurs pour sortir le bon cliché. Vous en conviendrez avec moi, allier deux de ses passions et les faire fusionner est un luxe qui n’est pas donné à tout le monde.

Leur point de vue du bord du terrain n’est pas dénué d’intérêt. Et il m’est arrivé d’échanger avec bon nombre d’entre eux, dans l’en-but, lorsque que j’étais remplacé en cours de match ou après la rencontre, autour d’une bière bien méritée.

J’ai toujours été épaté par la qualité des photos d’abord, ensuite par le choix des clichés. À l’heure ou tout le monde possède un smartphone et se rêve aisément en Robert Doisneau, nos funambules de l’objectif nous prouvent chaque semaine que la photographie est un art. Et que, même si la télé, à grand coup de Spidercam, nous vend un point de vue toujours plus immersif, je reste un admirateur des images tirés.

Admirateur et consommateur. Car il faut bien alimenter la page Instagram et son story telling avec des photos. Et si elles sont réalisées par un professionnel, que demande le peuple ? Quoi de mieux pour ce faire que d’aller piocher dans les banques d’images mises à disposition par nos amis daguerréotypeurs ? Un saut en touche en pleine extension, un buteur qui s’apprête à lâcher son coup de pied ou un ballon suspendu entre deux joueurs, tout est mis en œuvre pour magnifier l’athlète. Ce dernier pourra reposter à foison, récolter les likes, se substituer au journaux sportifs et devenir ainsi son propre vecteur de communication.

Mais attention, en les créditant. Toujours. Le numérique ne nous exempte pas des bonnes manières. Une photo reste la propriété de son auteur. Cela évite aussi que ces derniers utilisent un filigrane. Lequel vient indubitablement altérer la qualité de l’image.

Très jeune, j’ai été un lecteur assidu de L’Équipe. Et j’ai pu apprécier les photos du regretté Richard Martin. Aujourd’hui j’apprécie tout autant les photos utilisées sur l’appli Rugbyrama.

Un grand bravo à tous ces fragmenteurs d’instants, ces immortaliseurs de moments, ces figeurs de fugacité qui subliment chaque jour ce sport qu’on aime tant.

Puisse vos cliquetis et vos crépitements de flashs résonner silencieusement, sous les décibels de la clameur populaire pendant encore longtemps.

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