Lattaquant qui évolue à Annecy en Ligue 2 Française sest longuement exprimé dans un échange avec le média Ligue 2BKT. Pour Sahi Dion Moise, lobjectif cest denchaîner pour passer un cap.

 

 

Moïse, comment votre histoire avec le foot a-t-elle débuté ?
Tout a commencé avec mes amis dans mon quartier en Côte d’Ivoire. Je ne me souviens pas à quel âge exactement, j’étais tout petit. Rapidement, certaines personnes sont allées voir mes parents pour leur dire : « Le petit Moïse est bon au foot, il a quelque chose ». Moi, à ce moment-là, je ne pensais pas faire carrière, je n’étais qu’un enfant. Je jouais au foot pour m’amuser, c’était uniquement une passion. Mais petit à petit, comme les gens parlaient de plus en plus de mes qualités, l’idée de devenir professionnel est née.

Comment intégrez-vous l’Ivoire Académie ?
Ce sont les recruteurs de l’académie qui m’avaient repéré. Je suis parti là-bas à l’âge de 13 ans. Au départ, ce n’était pas facile car j’ai dû quitter ma famille. Mais je me suis vite concentré sur mes objectifs. Quand tu sais ce que tu veux, que tu aimes le foot, il faut savoir faire des sacrifices. Même si j’étais jeune, je savais très bien qu’il fallait passer par cette étape pour pouvoir atteindre d’autres horizons. Cela me permettait de m’accrocher quand je vivais des moments plus difficiles.

Quel était votre quotidien au sein de l’académie ?
J’avais deux entraînements par jour et l’école entre. Je vivais là-bas. Tout était organisé sur place : les cours, les repas, les entrainements… On pouvait rentrer chez nous un week-end toutes les deux semaines pour voir notre famille et après on revenait directement. C’était mon quotidien pendant trois ans.

 

 

Vous êtes ensuite recruté par l’académie Afrique Football Élite au Mali…
Oui. J’ai rejoint cette académie basée à Bamako à 16 ans. C’était complétement différent. Dès que je suis arrivée, j’ai joué en 3e division. C’est-à-dire que je ne jouais pas pour l’académie mais pour son équipe première alors que je n’avais que 16 ans. Je n’avais plus la possibilité de rentrer chez moi : je suis resté un peu plus d’un an sans voir ma famille. On s’entraînait la semaine et on jouait le week-end en championnat.

Vous atterrissez au RC Strasbourg Alsace en janvier 2021 (à 19 ans). Pouvez-vous nous raconter les coulisses de cette arrivée en France ?
C’était en plein championnat à Bamako en 2e division malienne. A l’issue d’un match, mon agent m’a dit que des recruteurs de Strasbourg étaient présents et qu’ils étaient intéressés par mon profil. A partir de là, ils ont entamé des négociations. Les responsables de Strasbourg m’ont fait part de leur projet, de leur souhait de m’accueillir, puis j’ai discuté avec eux et j’ai accepté leur proposition sans hésiter. Je me suis dit que c’était une belle option pour lancer ma carrière et que le projet était intéressant. En plus, je regardais déjà des matchs de Strasbourg, car je connaissais Jean-Eudes Aholou et Kévin Zohi.

Pour revenir à Strasbourg, vous vous entraîniez avec des attaquants référencés de Ligue 1 Uber Eats, comme Habib Diallo, Ludovic Ajorque ou Kevin Gameiro. Qu’est-ce qu’ils vous ont apporté ?
Premièrement, ils m’ont beaucoup soutenu et conseillé. Ensuite, je suis quelqu’un qui observe beaucoup, donc je regardais les aptitudes de chacun : les déplacements et les appels de Kevin Gameiro ; la capacité d’Habib Diallo à être tueur devant le but qu’il soit titulaire ou remplaçant ; l’investissement et l’engagement de Ludovic Ajorque peu importe les critiques ou les résultats. À l’entraînement ou pendant les matchs quand j’étais sur le banc, j’analysais et je me servais de tout ce qu’ils faisaient pour essayer d’améliorer mon jeu.

 

 

Pourquoi avez-vous fait le choix d’être prêté au FC Annecy cette saison ?
Au départ, je ne voulais pas forcément être prêté. Je pensais que j’allais rester à Strasbourg et lutter pour me faire une place pour jouer en Ligue 1 Uber Eats. Mais lors de la préparation, j’ai senti que je n’allais pas vivre une saison comme je l’espérais et que j’allais repartir sur les mêmes bases. J’ai réfléchi : je me suis dit qu’à 20 ans, j’avais besoin de faire une saison pleine, d’emmagasiner du temps de jeu, de progresser physiquement, de prendre de l’expérience et de me montrer dans le monde du football. J’avais envie de montrer aux gens mon potentiel. Ça me tenait aussi à cœur de prendre du plaisir et de retrouver de bonnes sensations. Rester toute une saison sans jouer, ce n’est pas facile pour un jeune joueur. Mes agents ont approuvé mon souhait et on a jugé qu’il était bon pour moi de venir à Annecy, surtout que je voulais obligatoirement rester en France.

Depuis la reprise de décembre, on vous sent particulièrement épanoui et vous vous montrez décisif. Comment l’expliquez-vous ?

Tout est une question d’adaptation et de confiance. Quand je suis arrivé, les dirigeants savaient déjà quel type de joueur et de personne j’étais et ils m’ont tout de suite montré de la confiance. Ils m’ont dit que tout n’allait pas forcément bien se passer dès le début, mais qu’ils connaissaient mes qualités et qu’ils savaient de quoi j’étais capable, qu’il fallait que je m’épanouisse et qu’ils seraient avec moi. Petit à petit, j’ai aussi ressenti de la confiance de la part de mes coéquipiers. Tout cela mit bout à bout me permet, aujourd’hui, de progresser, de m’épanouir et de voir les choses basculer du bon côté. Je n’ai pas eu de déclic particulier. C’est simplement que je me sens bien, que je connais mieux mes coéquipiers, donc je suis plus à l’aise sur le terrain. Résultat : je m’améliore dans mes déplacements, j’arrive plus facilement à me créer des situations et je parviens à bien rester concentré pour terminer les actions dès que j’ai une opportunité.

Il paraît que vous vous sentez plus gaucher mais vous avez marqué cinq buts du pied droit et seulement trois du gauche. Avez-vous vraiment un pied fort ?
(rires) C’est une question qui revient beaucoup. Les gens aimeraient savoir mais, la vérité, c’est que je me sens à l’aise avec les deux pieds. Si vous regardez, les pénaltys, je les tire du droit, alors que les coups francs et les corners, je les tire aussi bien du droit que du gauche selon mon intuition. Je n’ai aucun souci avec mes deux pieds. Je peux fixer du droit et frapper du droit et faire de même avec mon pied gauche.

 

 

Parmi vos huit buts, plusieurs d’entre eux sont des exploits personnels, lequel préférez-vous ?
(rires) Je suis sûr que vous avez déjà votre petite idée. C’est sûr que c’est celui face à Valenciennes. Il est incroyable celui-là (rires). Yohan Demoncy me fait une passe cachée puis j’enchaîne avec une prise de balle pied droit-pied gauche avant d’enrouler du droit. L’action est merveilleuse. Celui face à Saint-Etienne ? C’est aussi un petit biscuit. Il est vraiment pas mal aussi, car si tu tentes ce geste et que tu le manques, tu prends cher derrière. Après, c’est mon jeu, je suis un joueur d’instinct. Quand je sens quelque chose, je n’hésite pas.

Cette bonne période pourrait aussi vous rapprocher d’une sélection nationale (Mali ou Côte d’Ivoire). Où en êtes-vous dans votre réflexion ?
Mon objectif, c’est de jouer pour la Côte d’Ivoire ! Comme je l’ai dit plusieurs fois, j’ai très envie de franchir ce palier. Je sais qu’il faut que je fasse de bons matchs et que je réalise de belles choses sur le terrain pour me donner le maximum de chances d’être appelé. Pour l’instant, je n’ai pas eu de réel contact avec la fédération, mais je n’ai pas besoin de savoir que je suis suivi. Le plus important, c’est que je sois performant sur le terrain et, à partir de là, les choses vont se faire naturellement. Les matchs sont télévisés, il y a les réseaux sociaux, donc je sais que mes performances sont vues. Je dois simplement continuer sur cette voie et la sélection finira par arriver. Je ne me prends pas la tête avec ça, je préfère me concentrer sur ce que je suis en train de faire de bien en ce moment. 

Retrouver l’intégralité de l’interview ici.