En marge de la cérémonie de remerciement aux joueurs et au staff, organisée ce mercredi 21 mai à Abidjan, le nouveau président d’Issia Wazy, Stéphane Kipré, s’est confié à notre rédaction. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les circonstances de son arrivée à la tête du club, dresse un premier bilan de son action et dévoile ses grandes ambitions pour l’avenir de l’équipe emblématique du Haut-Sassandra.
Bonsoir Président Stéphane Kipré, merci d’avoir de nous avoir accordé cet entretien exclusif
Stéphane Kipré : Bonsoir, merci de me recevoir.
Parlons de votre arrivée à la tête d’Issia Wazy. Ce club a toujours été un emblème de la région, notamment cher à Dame Ginette Ross. Comment s’est faite votre implication dans le projet ?
Stéphane Kipré : Lorsque le championnat a commencé, la présidente Ginette Ross faisait déjà un énorme travail. Mais à un moment donné, elle a senti qu’un nouveau souffle était nécessaire. En tant que fils de la région du Haut-Sassandra, elle m’a approché avec l’idée de poursuivre cette mission de valorisation. J’ai accepté, car j’ai toujours eu de l’admiration pour elle et pour cette équipe. C’était un vrai défi, mais un défi noble.
N’est-ce pas risqué de prendre les commandes d’un club en grande difficulté, dernier de sa poule en début de saison ?
Stéphane Kipré : Justement, c’est ce qui rendait le challenge intéressant. On ne sauve pas quelqu’un qui est debout. On sauve celui qui est tombé. Issia Wazy ne devait pas mourir, car c’est un club qui fait battre le cœur de toute une région. C’est avec le cœur que je me suis engagé.
Quels ont été vos premiers mots aux joueurs, qui étaient visiblement démoralisés ?
Stéphane Kipré : Il fallait leur redonner foi. Leur dire que ce n’était pas terminé, qu’il restait une seconde moitié à jouer. Je leur ai dit : tant qu’on est vivant, on peut se battre. Il fallait réveiller leur potentiel. Leur montrer qu’on croyait en eux pour qu’ils puissent y croire eux-mêmes.
Vous avez surpris en instaurant une vraie administration, avec un directeur sportif comme Lolo Igor, une rareté en Ligue 2. Pourquoi ce choix ?
Stéphane Kipré : Il faut savoir s’entourer. Je connais le monde du foot, mais je ne le pratique pas. Il fallait un technicien reconnu, quelqu’un qui comprend les joueurs et le terrain. Lolo Igor, je le connais depuis la France, c’est un homme d’expérience. Je lui ai dit : « tu as servi la Côte d’Ivoire, il est temps de redonner à ces jeunes ce que le pays t’a donné ». Et il a accepté. On a ensuite formé une équipe avec des techniciens, des hommes d’affaires, des passionnés… et ça a porté ses fruits.
Stéphane Kipré, nouveau patron d’issia Wazy s’exprime. #ligue2civ pic.twitter.com/gWtqIyNOSx
— Le Kpakpato Sportif (@LKsportif) May 22, 2025
Issia a fini 3e de la deuxième phase. À quel moment avez-vous senti que les joueurs avaient changé de mentalité ?
Stéphane Kipré : Dès la sortie du regroupement. Ce qui m’a marqué, c’est qu’ils n’ont pas fait de doléances. Ils ont dit : « commençons ». Cette prise de conscience s’est ressentie dans les résultats. Même si ce n’était pas toujours facile, ils se sont battus. J’ai su à ce moment-là qu’on y arriverait.
Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre à la tête du club ?
Stéphane Kipré : Très positif. On était derniers, on finit septième. Je préfère voir le verre à moitié plein. J’ai eu raison de croire là où d’autres ne croyaient plus. J’ai vu juste, et ça me rend fier.
Vous dites souvent « nous avons sauvé Issia Wazy », pourquoi cette insistance sur le collectif ?
Stéphane Kipré : Parce qu’il ne s’agit pas de moi seul. Sans Ginette Ross, sans les joueurs, sans les supporters, rien n’aurait été possible. Ce n’est pas une réussite individuelle, c’est un exploit collectif. Le football, c’est l’union des forces.
Vous avez organisé une cérémonie pour l’équipe. Était-ce une célébration du maintien ?
Stéphane Kipré : Non. Nous n’avons pas célébré un maintien. Issia Wazy a déjà connu la Ligue 1, la Coupe Africaine. Le maintien n’est pas un exploit ici. Ce que nous avons fêté, c’est la renaissance d’une vision, la reprise de confiance, la résilience d’un groupe qu’on pensait perdu. C’est ça, notre victoire.
Quelles sont vos ambitions pour la saison 2025-2026 ?
Stéphane Kipré : D’abord, remercier tous ceux qui ont cru en nous. Ensuite, on veut continuer sur cette dynamique. Et surtout, ramener Issia Wazy à Issia. C’est une priorité. Jouer à domicile, devant notre public, dans notre région. Je lance un appel à la fédération : ramenons le foot dans nos régions, c’est vital pour la jeunesse.
On sent que le virus du foot vous a définitivement contaminé…
Stéphane Kipré : Oui, j’ai toujours été sportif, j’ai joué au basket, ça a financé mes études. Mais le foot, aujourd’hui, me permet de retrouver une Côte d’Ivoire unie, sans clivages. Quand on parle football, on parle passion, pas politique. Et ça, je ne veux pas le perdre.
Votre mot de fin pour les supporters d’Issia Wazy et du Haut-Sassandra ?
Stéphane Kipré : Merci à tous. Continuons d’y croire. Le football peut faire revivre toute une région. Et à travers Issia Wazy, c’est toute la jeunesse du Haut-Sassandra qui doit briller.