Champions Cup – Baky écrit : l’appel au peuple

Par Ange Purdy

Dans sa chronique, Baky Meité revient sur les évènements du week-end en Champions Cup. Les sacres européens de La Rochelle et Toulon mais aussi et surtout la ferveur de leurs supporters.

Elles ne vous auront pas échappé, les images de liesse du dernier week-end. Deux finales et deux victoires françaises. Le RC Toulon vendredi et le Stade Rochelais samedi. Que ce soit en noir et jaune ou en noir et rouge, c’était noir de monde.

Beaucoup de références communes pour ces deux clubs. Au niveau du palmarès d’abord. Au cœur des années 2010, les Toulonnais ont dominé l’Europe. Remportant trois trophées consécutivement. Aujourd’hui La Rochelle semble lui emboîter le pas avec ce back-to-back. Un sacre l’année prochaine et ils seront quitte sur la scène continentale. La même topographie aussi. L’une au bord de la mer, l’autre au bord de l’océan. Et dans les deux cas, des supporters exaltés qui se jettent dans le débarcadère pour laisser exprimer leur félicité.

Il y a aussi la zone aéroportuaire ! Des irréductibles, comme on aime à les appeler, venant accueillir leurs héros. L’aéroport de Hyères-Toulon pris d’assaut par des varois survoltés.

La même scène à l’aérogare de La Rochelle à 4h du matin ! Je profite de ce passage pour souligner le nombre incalculable d’aéroports dont est doté le territoire français. De là à y voir l’influence prééminente d’un Marcel Dassault est un pas que je ne franchirai pas.

Alors le peuple répond présent. Il répond à l’appel. Celui des capitaines, qui cherchent à motiver leurs troupes par tous les moyens. Et c’est encore à lui que se réfèrent les joueurs en conférence de presse ou lors des interviews d’après matchs. Celui des dirigeants aussi. Qui cherchent à faire rouler les fûts de bières des camions à l’arrière-boutique des buvettes du stade. Mais surtout le peuple répond à son propre appel. Nous sommes toujours dans la période post-Covid qui a mis à mal beaucoup de nos croyances, de nos certitudes et de nos acquis.

Avait-on imaginé que des rencontres sportives, qui drainent avec elles tant de passion puissent se dérouler dans des stades vides ? Le huis clos qui représente le châtiment ultime était devenu la norme.

Aujourd’hui, retour à la normalité. Si tant est qu’on puisse la définir. Du moins les jauges et les rubalises qui fractionnaient les travées sont passées de vue à trépas. Pour les plus grands bonheurs des acteurs. Le stade des Alpes était incandescent. Charles Mathon bruyant au possible. Depuis mon canapé j’ai tenté de me remémorer les sensations procurées par la clameur d’un stade. Et j’ai eu beaucoup de mal à le faire. La blessure d’avoir joué ma dernière saison dans des stades vidés de leur substantifique moelle, est vive. La symphonie macabre du stade Raoul Barrière morne et creux, est un souvenir qui me hante encore.

Alors Messieurs les rugbymans, profitez ! Chérissez ces moments. Ils sont plus fugaces qu’ils n’y paraissent. Étonnez-vous de voir le quidam sauter dans le port, se mettre torse nu sur le capot d’une voiture, ou des kilomètres parcourus à travers la France pour venir vous supporter. Ne soyez jamais blasés de ça. Même après une défaite. Ils vous gourmanderont parfois, mais seront toujours là. Nombreux. Ce qui fait leur force.

Une force qui parfois fait déborder certains et les fait franchir la ligne jaune qui sépare le licite de l’illicite.

Comme un vœu pieux j’espère que les instances sportives sortiront de leur torpeur pour réprimer toute expression d’un comportement discriminatoire envers les sportifs pour quelque raison que ce soit.

Les hashtags ne suffisent plus. Et bien que les exemples soient plus nombreux dans le football, absolument aucun argument ne peut garantir que cela n’arrivera pas dans le rugby. Mieux vaut prévenir que guérir comme dirait l’autre. Pour que la fête soit, et continue d’être belle.

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