Quel système de jeu pour Ibrahim Kamara ?

Par Jean-Marc GUEHI

La qualification pour les huitièmes de finale a été acquise difficilement. L’équipe de Côte d’Ivoire n’a pas été convaincante lors de la phase de poule. Avec un effectif de qualité, quel système de jeu permettra à Ibrahim Kamara de tirer le meilleur de son groupe ?

Lundi 8 Juillet sur le coup de 16h, les Éléphants de Côte d’Ivoire joueront les Aigles du Mali en huitièmes de finale de la CAN 2019. Vu le niveau de jeu affiché par nos pachydermes, nous ne partons pas avec les faveurs des pronostics. Les observateurs aguerris du football Africain et les supporters intransigeants des Éléphants sont unanimes sur un point : le système de jeu préférentiel du sélectionneur Ibrahim Kamara ne permet pas à la sélection ivoirienne de s’épanouir dans son expression collective.

Adepte du 4-3-3, Kamara Ibrahim a aligné ce schéma tactique sur tous les matchs du premier tour. C’est un système de jeu qui a pour intention d’avoir la possession de balle et de permettre aux joueurs du secteur médian de se projeter dans les phases offensives. Malheureusement ce ne fut pas le cas avec les Éléphants au premier tour. À l’issue de la phase de groupe, les Éléphants ont une moyenne de près de 49% de possession de balle. Indigne pour une sélection qui regorge en son sein un fort potentiel offensif. Ibrahim Kamara a fait confiance à son trio d’attaque habituelle sur les 2 premiers matchs : Gradel, Pépé et Kodjia. Sur papier, cette attaque aurait dû cracher du feu mais force est de constater qu’elle a été réduite au silence. La faute à notre milieu qui était amorphe voire inexistant. Serey Dié, Franck Kessié et Jean-Michael Seri n’ont pas approvisionné en ballons les flèches offensives. Dans ce milieu à 3, Jean-Michael Seri et Franck Kessié ont été mis dans un rôle de relayeur (milieu box to box). Le manque de complémentarité entre les hommes choisis par Kamara pour animer le cœur de jeu était criard dans les oppositions contre l’Afrique du Sud et le Maroc. L’unique but inscrit par les Éléphants sur ces deux matchs en est l’illustration : Passe décisive de Gradel pour Kodjia à la finition.

Le 4-3-3 qui initialement devrait nous permettre de jouer haut sur le terrain, nous met en danger sur certaines séquences défensives. Les 3 milieux de terrain viennent s’adosser sur les défenseurs donnant le champ libre à l’adversaire de prendre le contrôle des opérations. Face au Maroc nous avons souffert de notre incohérence tactique. Boussoufa, Belhanda, El Hamadi au cœur du jeu ont étouffé techniquement et tactiquement nos milieux de terrain. Les rares fois où nos pachydermes avaient l’occasion de ressortir la balle, la justesse technique nous faisait défaut ce qui a occasionné d’innombrables perte de balles en phase de construction de jeu.

Pour ce qui est du bastion défensif, c’est loin d’être l’assurance tout risque. Wilfried Kanon fébrile ne trouve pas encore ses marques avec Ismaël Traoré en charnière centrale. Le capitaine Serge Aurier bien qu’étant combatif manque parfois de concentration dans son repositionnement défensif. Le local du bataillon Wonlo Coulibaly apporte son énergie dans les duels avec les attaquants adverses mais apporte très peu dans l’animation offensive du couloir gauche.

Après la défaite face au Maroc, Kamara a fait bouger ou presque les lignes. Toujours dans son immuable 4-3-3, il a intégré Gbamin, Zaha et Bony en lieu et place respectivement de Seri, Pépé et Kodjia. La Côte d’Ivoire s’est imposée 4-1 face à la Namibie. On a retrouvé une cohérence et une fluidité dans le jeu. Plus libéré dans le jeu, Kessié a joué son rôle de milieu relayeur n’hésitant pas à se projeter et à jouer vite vers l’avant. Le joueur du Milan AC a réalisé sa meilleure performance en sélection en signant un triplé de passes décisives sur ce match. Tout comme Kessié, le capitaine du jour Serey Dié a été monstrueux. Celui qui a été élu Homme du Match a inscrit un but durant cette partie. C’est un fait rare sous les couleurs de la Côte d’Ivoire de voir Kessié et Serey Dié être si performants dans la même rencontre. La complicité des deux a été possible grâce à la science du placement et l’intelligence de jeu de Gbamin. À cela s’ajoute les buts de Gradel, Zaha et Cornet.

La rencontre face à la Namibie oblige le sélectionneur Ivoirien à redistribuer les rôles. Ibrahim Kamara doit rechercher avant tout la complémentarité des profils de joueurs avant même d’envisager une quelconque révolution tactique. Réputé pour être frileux dans ces options de jeu, le pragmatique Kamara peut s’inspirer de Hervé Renard, son mentor en 2015, pour nous faire évoluer en 3-4-3 au coup d’envoi de cet explosif huitième de finale face au Mali.

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