Baky écrit – « Un jour je serai rugbyman »

Par Ange Purdy

BAKY ÉCRIT – « Baky écrit » continue de nous guider sur le chemin de tous les rugby, à la découverte de ceux qui les font. Cette semaine, direction Font-Romeu à la rencontre d’Antonin, son quotidien au sport étude, ses rêves d’Usap, ses projets et ses craintes pour, un jour, « entrer sur la pelouse d’Aimé-Giral sous les vivas du public catalan ».

Antonin Laberty a 15 ans et des songes plein la tête. Entre autres, celui de revêtir le maillot sang et or de l’Usap et, un jour, d’entrer sur la pelouse d’Aimé-Giral sous les vivas du public catalan. Mais pour ça, le chemin est encore long. Nous sommes en plein cœur de l’hiver, à quelques 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer. À Font-Romeu précisément. Antonin ici fréquente le lycée climatique et sportif « Pierre de Coubertin », niché dans les entrailles du Creps de Font-Romeu. Antonin fait partie de la section rugby de l’établissement. Ça veut dire qu’il a le droit à 6 heures de rugby en plus dans son emploi du temps de lycéen déjà fourni.

Il sera confronté ce jour à des aspirants coachs en tout genre. De l’étudiant en Staps à l’ancien joueur qui se rêve écrivain, en passant par des joueurs internationaux : tous sont en stage dans les Pyrénées, dans le cadre de leur formation d’entraîneur (Dejeps) délivrée par le Creps de Montpellier. A cette période de l’année, les terrains drapés de blanc poudreux rapatrient tout le monde à l’intérieur, dans la salle de lutte du centre. Antonin et ses trop peu nombreux camarades s’avancent et sont résolus à apprendre. Les épaules déjà larges mais frêles, la chevelure noire et dense, la moustache naissante arborée comme un passeport vers l’adolescence, il est prêt. T-shirt gris rayé, short blanc. Tout en sobriété, là ou ses petits camarades affichent des maillots de l’Usap, des Springboks ou de l’équipe de France.

Lors d’un atelier, il prévient : il s’est fait un peu mal à l’épaule donc il ne pourra pas forcer. La ruse fonctionnera et son adversaire tombera dans le panneau quand Antonin le surprendra par sa vivacité. A son âge, et dans sa section, Antonin ne s’est pas encore fixé à un poste. Pas de panique, notre sport nous permet une maturation lente et rien n’est irrémédiable, dans le rugby. Surtout quand on sait que Thibaut Flament, la sensation au poste de deuxième ligne, jouait demi d’ouverture jusqu’à ses 18 ans…

Pour l’instant, il s’éclate avec ses copains du Rugby Athlétique Cerdagne Capcir. Mais, catégorie d’âge oblige, il a dû rejoindre la Jeunesse Olympienne Pradéenne Conflent Canigou, l’ennemi juré, pour une entente. Que ne ferait-on pas pour accomplir ses rêves ? Dans la station, Antonin skie depuis son plus jeune âge. Il a même fait sport-études biathlon avant de se tourner vers le ballon ovale. Alors ce ne sont pas les séances de ski de fond de la section rugby, pour travailler le cardio, qui vont l’effrayer.

Pour continuer à y croire, il faudra pourtant descendre en altitude. Antonin l’avoue du bout des lèvres : le lycée Maillol de Perpignan, véritable pépinière scolaire pour le club aux sept Brennus, est une de ces étapes. Il reste néanmoins lucide sur le milieu ultra concurrentiel vers lequel il veut aller. Ce qui n’enlève rien à sa détermination. Son regard vers Mathieu Acebes, quand celui-ci prit la parole devant les élèves, en disait long. L’Usap, Antonin l’a dans le sang. Depuis sa plus tendre enfance. Anecdote rapportée par ses parents : Antonin, 3 jours d’existence, assiste dans son couffin à la victoire de l’Usap face au SU Agen. Toute la famille s’était donné rendez-vous à la maternité. On était là, beaucoup pour le nouveau-né. Et un peu pour l’Usap.

Si dans quelques années on exhume cette chronique, sans doute qu’Antonin aura réussi sa quête. Si elle passe aux oubliettes, espérons simplement qu’il aura toujours la passion de ce jeu qu’on aime tant.

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