Baky écrit : la place aux dames

Par Laurent Trabi

Vous l’aurez remarqué dans cette chronique, j’aime utiliser la machine à remonter le temps. Aujourd’hui ne fera pas exception. La place aux dames.

Nous sommes le 10 février 2008, un peu avant 15 heures, le frima de l’hiver atteint son paroxysme. Et le stade Michel Hidalgo de Franconville fait office de congélateur à ciel ouvert. Je suis en tribune, à mes côtés, James Zié mon coéquipier de club à Domont et de la sélection ivoirienne. Mais nous ne sommes pas seuls. Quelque 800 autres personnes se sont massées dans les travées de ce stade qui porte le nom d’un grand nom du football français.

Nous attendons tous la sortie des joueuses de l’équipe de France qui défie ce jour-là leurs homologues irlandaises, et la Marseillaise qui va suivre le Ireland’s Call. Je me dis qu’on est peu nombreux et qu’on devrait pouvoir chanter juste. Mauvaise présomption. Dès les premières notes de la sono, ça part en canon de Pachelbel. Classique.

C’est un baptême pour moi. Je n’ai jamais vu un match de rugby féminin de ma vie.

 

Je retournerai les voir quelques années plus tard à Marcoussis pendant la Coupe du Monde en 2014. En voisin depuis Massy.

Quand dans le même temps les Anglaises reçoivent leurs adversaires au Stoop de Twickenham, les Françaises, emmenées par une Sandrine Agricole de gala, s’imposent 26-17 devant 802 personnes. Et à défaut de s’être déroulée dans l’anonymat, cette victoire s’est produite dans la confidentialité.

Avance rapide.

Nous sommes le 27 Mars 2022 un peu après 15 heures, je suis toujours dans un stade. Mais à Mazères. En Ariège, encore et toujours avec mes petits gars du REC. Les Bleues, elles, s’apprêtent à affronter les Italiennes et on ne le sait pas encore mais Madoussou Fall va martyriser les transalpines. Et ce devant 13728 spectateurs. Un record. Victoire 39-6.

Et si l’on espère une seconde victoire dans ce Tournoi des Six Nations féminin. Les supporters eux, récidivent déjà. Et vont purement et simplement faire tomber ce record comme s’il n’était qu’une formalité. Les 14.300 places assises de Jean Dauger (et très probablement le pesage) ont trouvé preneur en début de semaine.

Que de chemin parcouru entre l’ancien sélectionneur et le trois-quarts centre Basque. bien plus que les 800 kilomètres qui séparent les deux stades.

Plusieurs facteurs à cet essor : les bons résultats des coéquipières de Safi N’Diaye, en premier lieu, ont dragué dans leur sillage l’attrait de la télévision. Les cars régies sont plus faciles à garer aux abords d’Aimé Giral que devant le stade Gaston Simounet de Bergerac. Et si pendant longtemps France 4 et Jean Abeilhou ont hébergé les Bleues, elles sont montées de 2 étages et ont les faveurs de France 2. Au point de déloger l’immarcescible Michel Drucker et son assignation dominical. Rendez-vous compte !

Alors j’enjoins les édiles de Bayonne à prendre leurs dispositions. Car en cas de possibilité de Grand(e) Chelem(e), il faudra agrandir le stade Jean Dauger pour la réception de notre ennemi héréditaire le 30 avril. Car on ne sera pas loin de pouvoir remplir le Stade de France…

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