Baky écrit : Gredin des gradins

Par Ange Purdy

BAKY ÉCRIT – Retiré des terrains depuis l’été 2021, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Ce mercredi, l’ancien pensionnaire de Pro D2 revient sur le cas du supporter bressan qui a insulté et craché sur un joueur de Bourg-en-Bresse.

Que les choses soient claires : je contiens ma colère en écrivant ces lignes. Il y a quelques jours, j’ai pris connaissance d’un fait divers grave qui s’est déroulé lors du match opposant Bourg-en-Bresse à Nevers pour le compte de la 27ème journée de Pro D2.

En marge de la rencontre, un joueur bressan s’est fait cracher dessus, après s’être vertement fait insulter. Ceci par un individu qui se dit supporter du club.

Ce personnage aux manières douteuses devra être retrouvé et sanctionné avec une sévérité sans précédent. Pour éviter qu’il recommence, et surtout pour passer l’envie à d’autres de s’essayer à de telles pratiques qui sont en dessous de tout. Je le dis ici car certains spectateurs qui, bien que ne s’étant pas rendus coupables de tels agissements, semblent vouloir exprimer de la mansuétude envers ce gredin des gradins.

« Fait mineur »… « Epiphénomène »… Et même « Aussi inexcusable que les 20 premières minutes de l’US Bressane »… Voici ce qu’on pouvait en effet lire dans les commentaires des différentes publications parues sur les réseaux sociaux. Dans la même veine : ‘il n’a rien à faire là, qu’il aille au foot »… « Oh non le rugby ressemble de plus en plus au foot’.

A tous ceux qui s’adonnent à ce genre de méiose : vous faites fausse route. Non, ce n’est pas un fait mineur. On ne crache pas sur les gens. Peu importe les circonstances.

Non ce n’est pas un épiphénomène. Je répète à toute fins utiles : on ne crache pas sur les gens. Peu importe les circonstances.

Et à ceux qui érigeraient l’alcool comme conjecture atténuante, j’ai tendance à répondre que c’est au contraire un facteur aggravant.

Enfin, si vous renvoyez dos à dos l’auteur d’un crachat sur un joueur et ledit joueur pour sa performance sportive, aussi médiocre fût-elle, c’est que vous n’avez absolument rien compris.

La passion ne vous donne aucun passe-droit. Au contraire, elle vous oblige. En devenant supporter d’un club, on se doit de respecter les autres composantes. Aujourd’hui, les « fans » réclament à corps et à cris d’être partie prenante en brandissant leur carte d’abonné, convoquent les joueurs et leur demandent une disponibilité de tous les instants. Tout ceci ne doit pas s’opérer sans contrepartie.

Vous voulez faire partie d’une institution, très bien. Mais alors soyez en dignes. La déception d’un match perdu ou d’une relégation qui se profile n’absout en aucun cas ce personnage.

Quant à ceux qui poussent des cris d’orfraies en disant que ces comportements footballesques ne sauraient être tolérés dans le rugby. Là-aussi, réveillez-vous ! Le ver est déjà dans le fruit depuis un bout de temps. Et cette comparaison nulle et non avenue n’aide en rien. Ce n’est pas le sport que vous appréciez qui vous définit en tant qu’individu dans la société. Dans le cas contraire, j’attends toujours le tableau qui classera le supporter de natation synchronisée au-dessus du supporter de Lacrosse, qui lui serait plus vertueux que le supporter de lutte sénégalaise…

Non, l’écueil à éviter selon moi, concerne les instances dirigeantes des clubs. Ne pas tomber dans le chantage affectif, piège allègrement tendu par les supporters. Et sévir. Tout du moins, se donner les moyens de le faire.

Refuser de traiter un problème à la source est l’assurance de le retrouver quelques temps plus tard sous une autre forme. Et c’est malheureusement ce qui est en train de se produire dans le rugby.

On peut toujours se cacher derrière son petit doigt. Et minimiser l’incident. A la manière d’un Jean-Michel Aulas (président de l’Olympique Lyonnais, football) qui trouve toujours des modalités pour disculper ses supporters auteurs de comportements inadmissibles. Les dirigeants burgiens eux, semblent prendre la direction opposée. Le président Jean-Pierre Humbert a dit vouloir « tout mettre en œuvre pour retrouver le ou les auteurs de ces faits (…) » et ainsi pouvoir sanctionner.

De plus et si ce n’est pas déjà fait, j’invite le joueur concerné à porter plainte contre X. Que peut-on espérer quand la gangrène sème ses graines de délinquants ?

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