Déclassés depuis plus de 20 ans sur l’échiquier continental, les Bafana Bafana veulent reconquérir l’Afrique sans Lebo Mothiba, leur attaquant vedette, laissé à Strasbourg en raison d’une blessure contractée au genou il y a près d’un mois.

Historique

Membre fondateur de la Confédération Africaine de Football (CAF) en 1956 avec l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan, l’Afrique du Sud a attendu 1994 pour participer aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations. Cette longue attente fut la conséquence de la politique d’Apartheid que pratiquait les dirigeants de l’époque qui avait conduit à l’exclusion du pays par la FIFA et la CAF. En cette année 1994, le pays n’avait pas pu valider son ticket pour l’édition Tunisienne. Il a donc fallu attendre l’édition de 1996 qu’elle a accueilli pour voir la première participation de l’Afrique du Sud à la phase finale de CAN. Un premier coup d’essai qui fut un succès sous les yeux de Nelson Mandela, président du pays à cette époque. La génération des Benedict McCarthy, Mark Fish, Mukiélé avait décroché l’unique étoile de la nation Arc-en-ciel.

La chute

Surfant sur ce premier sacre, l’Afrique du Sud devint un grand d’Afrique et s’invitait même régulièrement aux grands rendez-vous du football mondial. 2e en 1998 au Burkina Faso, 3e en 2000 (Ghana – Nigeria) et quart de finaliste en 2002 au Mali, elle a connu un déclassement à partir de 2004. Après avoir privé la Côte d’Ivoire d’expédition Tunisienne, Aaron Mokhoena et ses partenaires tombèrent dès le premier tour. Ils connaîtront le même échec en 2006 et 2008, avant de rater les éditions 2010 et 2012. Il a fallu attendre 2013 pour voir le grand retour à la compétition finale des Sud-africains, en tant qu’organisateurs, après la défection de la Libye alors en proie à une guerre civile. Cette année là, le parcours s’était arrêté en quarts de finale.

Une conquête qui s’étire

Éliminée une fois de plus au premier tour en Guinée-Équatoriale, en 2015, on croyait au grand retour de l’Afrique du Sud au premier, quant au courage, elle sortit le pays organisateur de la CAN 2019, l’Egypte, en huitièmes de finale, dans un stade international du Caire qui lui était hostile. Mais cela ne fut qu’une illusion, autrement dit ce n’était que la triste réalité du football sud-africain depuis plus de 20 ans. Un football en variation, sans la moindre lisibilité, capable d’un petit bon et du pire. Car, après un tel exploit face à l’ogre Égyptien, Percy Tau et les siens avaient fini par tomber face au Nigeria en quarts. La conquête vers les sommets du football Africain fut donc ainsi stoppée avec une nouvelle absence lors de la dernière édition, au Cameroun. Ces différents échecs depuis plus de 20 ans ont largement déclassé les Sud-africains sur le continent.

En Côte d’Ivoire, ils caressent le rêve d’enclencher cette reconquête, en atteignant au moins le dernier carré qui leur échappe depuis 2000.

Une 11e participation

En 28 ans depuis sa première participation, l’Afrique du Sud disputera en Côte d’Ivoire sa 11e Coupe d’Afrique des Nations. Le bilan des 10 premières se chiffre ainsi : 1 victoire, 1 finale perdue, 1 podium, 3 quarts de finale et 4 éliminations au premier tour. Pour rallier le pays des éléphants, les Bafana Bafana ont mené une phase de qualification paisible. Logés dans un groupe K à trois équipes (le Zimbabwé ayant été exclu), ils ont terminé à la 2e place avec 7 points derrière le Maroc (9 points) qu’ils ont même battu (2-1) pendant ces éliminatoires.

Hugo Bross, le Messie ??

Ce retour à la grande messe du football Africain est aussi l’œuvre d’un homme, Hugo Bross. L’homme a le secret de réveiller un géant endormi. En 2017, au Gabon, contre toute attente, le Belge avait su conduire des Lions Indomptables du Cameroun alors édentés sur le toit de l’Afrique. Pourra t-il refaire le coup en Côte d’Ivoire, à une CAN vendue comme la plus belle jamais organisée et qui s’annonce très relevée ? En fin d’année derrière, l’ancien défenseur central d’ Anderlecht était venu prendre la température en arrachant aux Éléphants de Côte d’Ivoire un nul (1-1) dans le nouveau Félicia. Hugo Bross le sait très bien, il n’a pas la meilleure équipe du moment sur le continent, d’autant plus qu’il arrive à cette 34e édition sans deux de ses attaquants vedettes, les deux joueurs de son effectif qui évoluent dans deux des cinq championnats majeurs d’Europe : Lebo Mothiba et Lyle Foster. L’attaquant de Strasbourg souffre d’une blessure au genou contractée le 17 décembre dernier. Quant au jeune attaquant de 23 ans, il a été laissé à Burnley en raison des problèmes psychologiques.

Un groupe essentiellement local

Le technicien au palmarès bien fourni en tant que joueur et entraîneur a donc composé une liste de 27 joueurs sans ses deux attaquants blessés. Un effectif essentiellement composé de joueurs évoluant en Afrique du Sud. Il viennent de Supersport United, d’Amazulu, des Mamelodi Sundowns, de Sekhukhune United, d’Orlando Pirates, de Polokwane City et de Stellenbosch. Seulement trois joueurs évoluent hors du pays : le capitaine et buteur Percy Tau (Al Ahly d’Egypte), Mihlali Mayambela (Aris Limassol de la Grèce) et Sphephelo Sithole (Tondela du Portugal).

Un collectif bien préparé par Bross qui a des chances de sortir du groupe E, à Korhogo face à la Tunisie, à la Namibie et au Mali. Le premier match prévu le 16 janvier contre les Aigles du Mali (20 heures) s’annonce déjà très déterminant.