En route pour la CAN : Mali, mettre fin à la longue attente !

Par Guy Jaures

Un énorme vivier de talents innés du ballon rond, des académies florissantes, le Mali, l’une des nations les plus bénies sur le continent des dieux du football, mais maudit en Coupe d’Afrique, veut mettre fin à la longue attente en Côte d’Ivoire; celle de ramener le trophée qui soulagerait un peuple qui vit l’un des plus tristes moments de son histoire.

 

Historique

Il y a ceux qui ont créé la Coupe d’Afrique des Nations et qui ont tout de suite signé une alliance victorieuse avec elle qui se perpétue au fil des époques, le cas de l’Egypte. Il y a ceux qui la fréquente régulièrement mais qui l’ont peu l’impressionnée, le cas de la Côte d’Ivoire et il y a ceux qui l’ont moins courtisé, qui l’ont fait quand ils étaient portés par des générations dorées, le cas du Mali. Oui, le Mali fait partie des pays qui ont moins participé à la CAN, mais qui y ont réalisé de belles campagnes. À chaque fois que l’ancien royaume Mandingue s’est invité à la fête du football Africain, il fut porté par de très belles générations. La première génération à mener le Mali à sa première Coupe d’Afrique des Nations est celle qui était guidée par le premier ballon d’Or Africain 1970, Salif Keita, Mamadou Keita, Fantamady Keita, Moussa Traoré, Bako Touré. Au Cameroun, l’équipe alors dirigée par l’Allemand, Karl-Heinz Weigang avait atteint la finale avant de la perdre face au Congo Brazzaville (3-2). Fantamady Keita avait même terminé meilleur buteur de cette 8e édition.

Il a fallu attendre 1994, pour revoir les Aigles en scène. En Tunisie, la génération des Fernand Coulibaly, Amadou Pathé Diallo avait atteint le dernier carré en perdant la petite finale face à la Côte d’Ivoire. Et puis, plus rien, jusqu’en 2002, où le pays a accueilli la 23e édition. Les démons de l’échec avaient poursuivi la belle génération des Salif Keita, Mamadou Diarra, Mamadou Bagayoko et autres. Leur beau parcours s’était alors terminé en demi-finale, face aux redoutables Lions Indomptables du Cameroun (3-1) des M’boma, Rigobert Song, Samuel Eto’o. Ce fut le début des belles années du football Malien bien aidé par la floraison des centres de formation de qualité. Après une nouvelle 4e place en 2004 en Tunisie, les Aigles décrochèrent deux médailles de bronze de suite (2012 et 2013).

Très dominateurs en phase de qualification

Une talentueuse génération s’est depuis effacée pour faire place à une autre aussi talentueuse qu’ambitieuse, avec sa tête le milieu d’origine Ivoirienne, Yves Bissouma et coachée par un local, Éric Chelle. Cette génération veut enfin briser la malédiction pour inscrire le nom du Mali au palmarès de la prestigieuse CAN. Le graal qu’il faut pour faire basculer le Mali parmi les très grands du continent, lui qui a déjà gagné dans les catégories de jeunes (2 CAN des U17).

L’ambition est telle que les Aigles ont déployé des ailes très solides lors de la phase qualificative, balayant presque tout sur leur passage. Néné Dorgeles, un autre talent d’origine Ivoirienne et ses coéquipiers ont terminé en tête du groupe H avec 15 points sur 18 possibles. La défaite concédée s’était produite au Congo Brazzaville (0-2). Une brillante marche vers le pays du café-cacao qui a convaincu le sélectionneur, Éric Chelle que son effectif possède le meilleur milieu d’Afrique. Même en tirant le chauvinisme et l’exagération de cette déclaration, il y reste quand même une bonne dose de vérité, celle qui est incontestable : le Mali a un secteur médian de qualité composé d’ Amadou Haidara (25 ans, RB Leipzig), Dadié Samassékou (28 ans, Hoffenheim), Mohamed Camara (24 ans, AS Monaco), Boubacar Traoré (22 ans, Wolverhampton), Lassana Coulibaly (27 ans, Salernitana) et bien évidemment l’un des meilleurs au poste en ce moment en Premier League, Yves Bissouma (27 ans, Tottenham).

Une CAN presque à domicile

Des joueurs de grande classe qui combinent parfaitement avec la division offensive portée par Néné Dorgeles (21 ans) et Sékou Koita (24 ans) écoulant tous deux au RB Salzbourg. L’attaque des vert et jaune a planté 15 buts lors des qualifications. La défense était aussi au niveau avec seulement 2 buts concédés. De quoi à donner des raisons à l’équipe, au sélectionneur, mais aussi au peuple Malien qui soupire après cette consécration suprême depuis des décennies et qui pourrait souffler avec une victoire lors de cette 34e édition, lui qui souffre depuis 2013 de l’instabilité politique qui frappe le pays. Le Mali sera comme à domicile. En Côte d’Ivoire, terre frontalière, il y compte ici de millions de ressortissants. En plus, les Maliens ont été bénis par le tirage qui les a placés à Korhogo, région du Nord Ivoirien, situé à quelques kilomètres de leur pays. Les supporters vivants au Mali n’auront donc pas à parcourir un long trajet pour venir encourager leur équipe, du moins pour le premier tour durant lequel elle affrontera la Tunisie qui l’avait privé du mondial 2026, de la Namibie et de l’Afrique du Sud qu’elle avait écarté de son chemin à la CAN 2002.

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