Quatorze fédérations du mouvement olympique ivoirien ont déposé une motion de protestation contre la direction du Comité National Olympique de Côte d’Ivoire (CNO-CIV). Porte-parole du collectif, le Président Honoré Zolobé a exposé les motifs de cette fronde, au cours d’une conférence de presse.
Monsieur le Président, qu’est-ce qui justifie cette sortie de ce matin ?
Honoré Zolobé :
Merci, cher ami de la presse. Avant tout propos, au nom des homologues et collègues ici présents, qui représentent la face visible de l’ iceberg concernant la représentativité du mouvement sportif et olympique, je voudrais vous adresser nos sincères remerciements et toute notre gratitude pour les efforts que vous effectuez quotidiennement dans le cadre du rayonnement du sport en Côte d’Ivoire.
En effet, ce matin, nous nous sommes retrouvés au Comité National Olympique de Côte d’Ivoire pour un seul objectif : faire triompher la bonne gouvernance, faire cesser les agissements qui entravent le développement et les efforts des présidents des fédérations que nous sommes.
C’est un sacerdoce que nous avons pris. Nous trouvons injuste que les conflits d’intérêts, aujourd’hui factuels au sein du mouvement olympique, puissent perdurer. Vous savez que le conflit d’intérêts, lorsqu’il n’est pas géré de façon sincère, arrive à plomber toutes les actions, toutes les activités, tous nos efforts.
À quelques mois du renouvellement des instances du Comité National Olympique, prévu en avril 2026, il était important que les acteurs que nous sommes puissent clarifier un certain nombre de choses. Nous venons avec un rameau de paix pour ramener la quiétude au sein du mouvement olympique.
Voici, de façon résumée, notre présence au sein du Comité National Olympique ce matin. Et cette action va se poursuivre pour que justice soit rendue. Les fédérations olympiques que nous représentons sont quotidiennement harcelées. Cela constitue une violation du code d’éthique. Plusieurs fédérations peuvent en témoigner et cela constitue une violation de nos droits. Nous voulons que cela cesse.
En attendant que les autres autorités de la gouvernance olympique viennent réparer un certain nombre de torts que nous subissons quotidiennement, nous voulons attirer l’attention du mouvement sportif, dont la presse que vous constituez. La communication est un pouvoir, et ce pouvoir, lorsqu’il est utilisé à bon escient, arrive à atteindre nos objectifs. Nous sommes donc disposés et disponibles pour répondre à toutes préoccupations.
Vous évoquez également la gestion de la Solidarité Olympique. Pouvez-vous nous expliquer ?
H. Z. :
Le Comité National Olympique, à l’instar de tous les comités nationaux, est géré par le CIO sous la tutelle de la Solidarité Olympique. Les fonds attribués servent au développement des fédérations et des acteurs, dont les athlètes, qui sont le cœur du mouvement olympique.
Je donne un exemple simple. Le programme quinquennal comprend différents projets soumis à la Solidarité Olympique : subventions administratives, activités, programmes pour les fédérations de sport collectif, programmes de renforcement de capacités, etc.
Le CNO doit recenser les besoins, les transmettre à la Solidarité Olympique, qui valide et fait descendre les fonds dans les trésors du CNO. Mais lorsque les fonds arrivent, ils ont une destination claire.
Cas du rugby :
Le rugby soumet un programme validé par la Solidarité Olympique pour un montant de 39 000 dollars. Les fonds arrivent en janvier 2024. Le CNO garde ces fonds jusqu’en juillet 2024. La Solidarité Olympique interpelle le CNO pour connaître la suite du projet Max Brito. Aucune réponse. La Solidarité Olympique reprend alors les fonds, certainement via déduction sur la subvention suivante.
En 2025, la nouvelle équipe de rugby soumet un autre programme. 14 millions arrivent. À ce jour, le rugby n’est toujours pas entré en possession des fonds. La Solidarité Olympique donne six mois pour remettre les fonds aux ayants droit. Sinon, elle récupère les sommes. Pourquoi ces obstacles ?
Cas du badminton :
En 2023, nous mettons en place un programme pour la formation des jeunes en vue des JO Dakar 2026. En septembre 2023, les fonds arrivent. En octobre, novembre, décembre : aucun centime versé. Le projet porte sur 15 millions. La Solidarité Olympique était prête à donner la moitié, demandant au CNO de trouver l’autre moitié.
Ne recevant rien, nous avons payé 6 millions de nos poches pour participer à une compétition africaine. Tous les justificatifs et rapports techniques ont été transmis au CNO en décembre 2023. Aucun remboursement.
En janvier, le CNO me remet un chèque de 1 million. En avril, un autre de 4 millions. Cela a justifié mon départ du CNO, car on me considérait comme encombrant. J’ai subi pression, chantage, notamment parce qu’un poste pour Paris 2024 était en jeu. Je n’ai pas cédé, et j’ai perdu mon poste de secrétaire général. À ce jour, le CNO nous doit encore 3,5 millions.
Vous parlez aussi d’absence de planification stratégique…
H. Z. :
Oui. J’ai monté le plan biennal 2023–2024, plus de 100 millions. Mais pour le cycle 2024–2028, aucun travail n’a été initié. Aucune fédération n’a été approchée pour préparer le plan stratégique menant à Los Angeles 2028. Notre CNO a perdu en crédibilité, sans compter les crises internes.
En 2026, nous irons à l’Assemblée Générale. Déjà, des manœuvres visent à créer la zizanie dans notre fédération. Nous nous demandons : le rôle du CNO est-il de détruire les fédérations ou de les soutenir pour rapporter des lauriers à la Côte d’Ivoire ?
Quel message souhaitez-vous passer en conclusion ?
H. Z. :
Les fédérations sont constamment brimées. Aucune aide n’est accordée, si ce n’est par copinage. Lorsqu’une structure prend parti pour une fédération au détriment d’une autre, cela crée automatiquement un conflit d’intérêts.
La Solidarité Olympique est une institution noble. Nous allons porter ces faits au plus haut niveau pour que des actions soient menées. Nous ne pouvons accepter que les fonds destinés à la Côte d’Ivoire soient détournés à d’autres fins.
Au nom des fédérations olympiques, nous vous remercions pour votre présence et appelons à votre légendaire communication pour soutenir ce combat éthique et sportif. Nous restons ouverts à toute autre demande d’information.