ASEC Mimosas : retour en grâce de Wonlo Coulibaly et de Zouzoua Pacôme

Par Guy Jaures

En difficulté il y a quelques mois, nous assistons cette saison à un retour en grâce de Wonlo Coulibaly et de Zouzoua Pacôme, devenus des éléments indispensables de la bonne saison que réalise l’ASEC Mimosas.

A l’ASEC Mimosas, il y a un collectif, voulu et mis en place par Julien Chevalier. Mais quand ce collectif du technicien français a du mal à s’exprimer, les individualités font le travail. Wonlo Coulibaly et Zouzoua Pacôme font partie de ses individualités qui s’expriment le mieux cette saison. Deux joueurs qui contribuent grandement à la belle saison que réalisent les Mimos.

Pourtant, il y a quelques mois, le doute subsistait encore autour de ces deux internationaux ivoiriens.

Coulibaly Wonlo  » J’ai fait deux ans sans jouer  »
Titulaire avec les éléphants au poste d’arrière gauche à la CAN 2019, en Égypte où la route de la Côte d’Ivoire s’est arrêtée en quart de finale, la carrière de Wonlo Coulibaly a par la suite suivi la courbe descendante. Deux ans au TP Mazembé avec à la clé deux titres de champion de la RDC et un salaire intéressant, le natif de Youhouli décidait de quitter le club de Lubumbashi où le temps de jeu lui manquait énormément, après une blessure contractée en 2020. Il lui fallait donc trouver un nouveau point de chute. Une escapade manquée en Irak, à Al Shorta, Wonlo rejoint l’ASEC Mimosas le 21 janvier 2022. Un retour dans un club où il avait fait deux saisons de belles factures (2017-2019). La seconde qui l’avait même consacré meilleur joueur de la ligue 1 (2018-2019) lui avait ouvert les portes de la sélection nationale. Mais le retour à la maison n’a pas été un fleuve tranquille pour l’ancien de l’AS Denguélé, stoppé dans sa relance par une blessure face à Berkane la saison dernière en coupe de la confédération.

 » J’ai fait deux ans sans jouer, parce que j’ai contracté une blessure à Mazembé. Arrivé à l’ASEC, j’ai connu une autre blessure face à Berkane en coupe de la confédération, la saison dernière. Mon retour n’a donc pas été facile ».

Racontait-il après la qualification en demi-finale de la coupe de la confédération aux dépends de l’US Monastir, à Bouaké, le 30 avril dernier. Un autre écueil dans sa carrière tumultueuse qu’il fallait surmonter. Par son professionnalisme et son abnégation, il parvient à chasser cette énième blessure pour retrouver les terrains, sans toutefois être titulaire dans le onze de départ de Julien Chevalier. Mais depuis le début de la saison, Wonlo a retrouvé le statut du titulaire indiscutable par ses prestations de hautes volées, aux côtés de Tra Bi Anthony avec qui il a su former l’une des paires centrales les plus solides de l’ASEC ces dernières saisons.

Ce retour en grâce, il le doit à son travail et à la confiance de son coach  » J’ai eu des moments difficiles à mes débuts, après le coach m’a toujours fait confiance. Il m’a relancé au mois de novembre 2022, depuis lors j’ai tenu ma place de titulaire. Je vais continuer à me battre tant que le coach me fera confiance ». Affirme t’il avec fierté.

A 31 ans, le gaucher est revenu à son meilleur niveau sous les couleurs jaune et noir avec qui il entretient cette saison le rêve d’un triplé inédit (championnat – coupe nationale – coupe de la confédération). Peut-il pour autant rêver de retrouver les éléphants pour une possible participation à la CAN 2023 qui se jouera sur le sol ivoirien.

A cette question, il répond avec la plus grande lucidité :  » Mon objectif actuellement n’est pas l’équipe nationale. Je reste concentré sur l’objectif qu’on a pour l’heure avec l’ASEC. Tout viendra avec le temps, le travail, comme je l’ai fait en 2018 où j’ai connu ma première sélection (mars 2018), c’est ce qui m’emmènera de nouveau en équipe nationale. »

En attendant peut-être de retrouver la sélection avec laquelle l’histoire d’amour fut de courte durée (10 sélections), Wonlo Coulibaly savoure son retour au premier plan avec le champion de Côte d’Ivoire, avec la casquette du leader affirmé :  » On a des jeunes dans l’équipe, c’est mon rôle, en tant que grand frère de les remobiliser quand ça ne se passe pas bien ».

Zouzoua Pacôme  » Je n’ai pas baissé les bras  »

Si Wonlo Coulibaly est un taulier du secteur défensif, Zouzoua Pacôme en est un dans le secteur offensif. Ce meneur du jeu au talent immense vit aussi comme son coéquipier une certaine rédemption. Son arrivée à Sol béni en provenance du rival l’Africa Sports à l’intersaison 2021 avait été jugée par plusieurs spécialistes comme un mauvais casting de la part des dirigeants de l’ASEC Mimosas. Et ses débuts avec les jaune et noir ne furent pas fameux. Certainement libéré par le départ Ki Aziz, le joueur passé par Ivoire Académie a pris une autre dimension au fil de la saison. Mais que ce fut dur. Son CHAN manqué a failli gâcher sa saison qu’il avait bien lancé.

 » Le CHAN 2023 n’a pas été pour moi une réussite, tout le monde l’a vu. Après la compétition, j’ai traversé une mauvaise période, j’ai été beaucoup critiqué ».

Avouait le joueur formé à l’ASCA d’Abobo à notre micro en zone mixte, après sa brillante prestation lors de la victoire (2-0) face à Monastir en quart de finale de la Coupe de la Confédération, le 30 avril dernier à Bouaké. Mais celui qui a déjà connu des échecs à Sochaux (France), au Spartak Prague (République tchèque) ou en Lettonie a un mental forgé, à 26 ans, pour trouver les ressources nécessaires et remonter la pente.

Avec la confiance de Julien Chevalier, l’ancien métronome du Sporting Club Gagnoa n’a pas tardé à retrouver son niveau :  » Pendant cette période difficile, je n’ai pas baissé les bras, j’ai continué à travailler, avec la confiance de l’entraîneur  ». Et le travail a payé. Zouzoua Peodoh Pacôme est aujourd’hui celui qui donne de la lumière au jeu des Mimos avec son aisance technique qui justifie son surnom de  » Zinedine Zidane  » au point d’être à ce stade de la saison, le deuxième joueur le plus décisif du club avec 8 buts et 8 passes décisives, derrière Aubin Kramo (12 buts et 8 passes décisives) et devant le jeune Karamako Sankara (6 buts et 2 passes décisives). Avec ce niveau retrouvé, certain le verrait bien en sélection nationale aux côtés des Franck Kessié et autres, mais l’enfant d’Issia ne veut pas aller plus vite que la musique :  » On continue de bosser. Mon objectif en ce moment, c’est ma saison avec l’ASEC, le championnat et la coupe de la confédération ». A la question de savoir si l’objectif est de remporter cette C3 africaine, il répond :  » Si l’équipe y arrive ça serait bien. Si nous sommes en demi-finale, pourquoi pas rêver, c’est possible qu’on la remporte. »

En pole position pour conserver le titre de champion de Côte d’Ivoire, Julien Chevalier aura encore besoin de ses deux tauliers pour la double confrontation des demi-finales de la coupe de la confédération dont la manche aller se jouera ce mercredi 10 mai, au stade de la paix de Bouaké.

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