Ancien milieu de terrain de l’Asec Mimosas et ex-international A’, Patrick N’doua Irénée s’est reconverti en agent de joueurs après une carrière bien remplie qui l’a mené d’Abobo jusqu’en Europe, en passant par le Maghreb. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses regrets, mais aussi sur sa nouvelle vie consacrée à l’accompagnement des jeunes footballeurs.
Bonjour Patrick N’doua Irénée. Comment est né votre amour pour le football ?
Bonjour. Mon amour pour le football est né dès l’enfance. C’est une véritable passion qui a marqué toute ma vie.
Pouvez-vous retracer votre parcours, depuis Abobo jusqu’à l’Europe ?
J’ai commencé au centre de formation OSA, aujourd’hui en Ligue 1 avec comme président M. Sylla Amza Gamal, que je salue. Ensuite, je suis entré à l’académie de l’Asec Mimosas avant d’intégrer l’équipe professionnelle. Ma carrière m’a ensuite conduit au Maroc (Hassania d’Agadir, puis Mouloudia Club d’Oujda), en Tunisie (CS Sfaxien), en Algérie (ASO Chlef) et en France, au club de Granville.
En 2009, vous êtes élu meilleur joueur de Ligue 1. Qu’est-ce qui vous a manqué pour rejoindre les grands championnats européens ?
Effectivement, j’ai été élu meilleur joueur de Côte d’Ivoire dans un contexte très difficile. Le pays traversait une crise, et il y avait peu de recruteurs sur place. Malgré mes performances et mon envie de relever de nouveaux défis, les opportunités manquaient. Aujourd’hui, les jeunes ont beaucoup plus de chances que nous à l’époque.
Êtes-vous satisfait de votre carrière ?
Oui, je le suis. J’ai eu la grâce de jouer une Coupe du monde, deux Coupes d’Afrique, une demi-finale de Ligue des champions africaine, et d’être champion de Côte d’Ivoire à deux reprises. J’ai aussi remporté deux Coupes Houphouët-Boigny, participé au tournoi de Montaigu et été sacré meilleur joueur du championnat. Tout cela n’est pas donné à tout le monde. Bien sûr, je pouvais aller plus haut, mais je bénis Dieu pour ce que j’ai accompli.
Comment êtes-vous devenu agent de joueurs ?
Je ne l’avais pas prévu. Mais je savais que je resterais dans le football. Aujourd’hui, je me forme continuellement pour mieux accompagner les jeunes. Je dirais que je suis à la fois agent, recruteur et entraîneur.
Quelles sont les principales difficultés dans ce métier ?
Il n’est pas toujours facile de travailler avec certains dirigeants de clubs qui ne valorisent pas notre rôle. Pourtant, nous sommes leurs yeux dans les quartiers, ceux qui découvrent les talents.
Quel regard portez-vous sur le marché ivoirien ?
Le marché est aujourd’hui plus ouvert, avec beaucoup d’opportunités. Moi, je cherche à collaborer avec mes devanciers pour apprendre et progresser.
Combien de joueurs avez-vous déjà accompagnés ?
Environ vingt joueurs en Côte d’Ivoire, dans des clubs comme l’Asec, le Stella, le Racing, l’AFAD ou encore Bingerville. À l’étranger, une dizaine, souvent en collaboration avec d’autres agents.
Quel est votre regard sur le championnat ivoirien actuel ?
Il est plus athlétique que technique. On y voit moins de joueurs capables de faire la différence seuls. Le public veut des artistes, comme Ya Konan Didier qui m’a beaucoup inspiré, N’Gossan Antoine ou encore Gohi Bi Cyriac à l’époque. Il faut redonner de la magie à notre championnat.
Que faudrait-il changer pour une vraie professionnalisation du football ivoirien ?
Nos dirigeants doivent s’inspirer de ce qui marche ailleurs, notamment au Maghreb, qui domine actuellement le football africain.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Continuer à me former et devenir le meilleur possible dans ce que je fais, afin d’aider nos jeunes frères à réussir.