Samedi prochain (19 heures GMT) le monde du football sera suspendu au grand classico du football Espagnol. Ce Real – Barça, une rivalité au-delà du football marquée par des chiffres records.
C’est sur sa mythique pelouse du Santiago Bernabeu que le Real Madrid (2e, 24 points + 14) va tenter de rejoindre son éternel rival, le Football Club de Barcelone (1er, 27 points + 23) en tête de la Liga 2024-2025 qui sera à sa 11e journée ce week-end. Ce 258e face à face de l’histoire entre les deux géants du royaume ibérique sera le premier de la saison. Bien que leader, le FC Barcelone a déjà concédé une défaite après 10 matches, tout le contraire du Real Madrid qui reste invaincu avec 3 nuls. La mission des Blaugranas est non seulement d’aller au Bernabeu pour conserver son fauteuil de leader en infligeant au rival sa première défaite de la saison en championnat, mais également de s’y imposer pour la première fois depuis le 22 mars 2022 (victoire 4-0). Les acteurs des équipes le savent très bien : le classico est le match de la saison à ne pas perdre.
Deux antagonistes de l’Espagne
Aux quatre coins du monde, il existe des derbys, et le Real Madrid – FC Barcelone est l’un des plus grands, des plus historiques et des plus suivis de la planète football. Il est même considéré comme celui qui génère la plus grande audience dans le monde devant la finale de la coupe du monde 2010 et les Jeux Olympiques 2008. Ce classique du football mondial qui déchaîne les passions depuis très longtemps dégage deux visions antagonistes de l’Espagne. D’un côté, le Real Madrid fondé en 1902 par Julian Palacios et les frères Juan et Carlos Padrós : est le symbole de la royauté, de la domination de l’Etat central et de l’autre, le FC Barcelone créé en 1899 par l’Anglais Hans Gampers est porte étendard d’une partie de l’Espagne qui rejette la domination de Madrid et de la Catalogne qui veut son indépendance. En 1920, le Madrid FC se voit adjoindre le titre de Real qui signifie « Royal » en Espagnol par le Roi Alphonse XIII. Son nom hispanisé en 1941 deviendra donc le Real Madrid Fútbol Club. Le club de la capitale profitera de ce parapluie royal pour bâtir sa grandeur nationale et internationale. Il deviendra par la suite l’un des instruments de propagande de la dictature du général Franco. Cette rivalité politique entre Madrid et la Catalogne va très fortement contribuer à enraciner la rivalité entre le Real Madrid et le FC Barcelone. Et Barcelone en fera les frais dès 1936 avec le début de la guerre civile Espagnole et l’arrivée au pouvoir de Franco. Plusieurs joueurs Barcelonais qui soutenaient le camp Républicain contre le fascisme de Franco prenaient les armes. C’est dans ce contexte que Josep Sunyol, président du FC Barcelone sera arrêté par l’armée près de Madrid et fusillé. Depuis ses événements et la dictature de 40 ans (1936-1975) de Franco jusqu’à ce jour, Barcelone et Madrid sont opposés. Une rivalité politique transportée sur le terrain dont se nourrira au fil du temps les deux géants.
Avantage Madrid
Comme c’est le cas de toutes les grandes histoires du football, personne en Espagne n’avait n’imaginé que ce 13 mai 1902, en demi-finale de la Copa Coronación devenue Copa del Rey (Coupe du Roi) disputée à Madrid que ce premier face à face entre Madrilènes et Barcelonais allait cristalliser les tensions. Depuis maintenant 122 ans, le classico Real – Barça est devenu un rendez-vous emblématique. Pas qu’en Espagne et en Europe, mais dans le monde entier. C’est Barcelone qui fut le premier à prendre l’avantage dans ce combat avec la victoire (2-1) du 13 mai 1902. Cependant, le premier classico de l’histoire a été enlevé par le Real Madrid (2-1) lors de la saison 1928-1929. Depuis 188 combats se sont tenus en Liga. Le Real s’en est sorti avec 77 victoires contre 76 pour le Barça. Sur ces 101 trophées glanées, le club royal en compte 36 Ligas contre 27 pour le club Catalans sur ses 94 trophées. Si le Real dominait largement les débats jusqu’au début du 21e siècle (années 2000) avec 28 titres de champion contre 16 pour le FC Barcelone, la dynamique s’est fortement inversée en faveur des Barcelonais avec 11 titres remportés sur les 20 dernières années.
Messi, Roi du classico
Cette opposition qui traverse le temps sans laisser aucun amoureux du football indifférent a révélé et mis en lumière des talents dont le plus illustre est bien évidemment Lionel Messi. Le génie Argentin formé à la Massia fut le symbole de renouveau et de la montée en puissance du FC Barcelone entre 2005 et 2019. L’actuel attaquant de l’Inter Miami est le meilleur buteur de l’histoire des Classicos avec avec 26 buts dont 18 en Liga en 16 saisons. Il devance Alfredo Di Stefano et son rival de toujours Cristiano Ronaldo (18 buts) dont 14 en Liga pour Di Stefano et 9 pour le Portugais en Liga. Messi a également gagné 10 Ligas, 2 de moins que Paco Gento, légende du Real Madrid. Celui qui a disputé plus de classico est aussi un enfant de Barcelone, Sergio Busquet. Le champion du monde Espagnol 2010 et vainqueur de la Liga à 9 reprises comme Iniesta et Gérard Piqué a disputé 48 Real-Barça. Il devance Sergio Ramos (Real) et son ex-partenaire Lionel Messi qui comptent tous deux 45 matches. Dans les effectifs actuels des deux formations, le Madrilène Luka Modric (39 ans) est celui qui détient le record de participation dans ce duel (34).
« Les traîtres »
La rivalité et parfois la guerre entre les deux clubs n’ont pas empêché les mouvements de joueurs dans les deux sens. Après l’affaire d’Etat Alfredo Di Stefano qui est devenu une légende à Madrid alors qu’il était destiné à jouer pour Barcelone, plusieurs autres l’ont rejoint : Figo, Eto’o, Ronaldo Nazario, Javier Saviola, Luis Enrique, etc. Après 5 saisons à Barcelone, Luis Figo décida de passer chez l’ennemi en 2000 contre une somme record à l’époque. Pareil pour Javier Saviola. Ce grand talent Argentin rejoint la longue liste des joueurs passés par les deux ennemis en quittant Barcelone pour le Real en 2007. Le Camerounais Samuel Eto’o fera le chemin inverse en 2004. Négligé pendant 3 saisons à Madrid, le Lion indomptable alla construire sa légende dans le club Catalan pendant 5 années, après un passage très réussi à Majorque. Quant au Brésilien Ronaldo, il est arrivé à Madrid en 2002 en provenance de l’Inter Milan après son chef d’œuvre au mondial 2002. Mais certains supporters Barcelonais ont considéré cela comme une trahison car le phénomène a marqué les esprits chez les Blaugranas lors de son passage avec 47 buts inscrits en 49 matchs lors de sa seule saison (1996-1997).
L’Uruguayen Enrique Fernandez, FC Barcelone (1947-1950, Real Madrid (1953-1954) et le Yougoslave Radomir Antic, Real Madrid (1991-1992), FC Barcelone (2003) sont les deux entraîneurs à avoir entraîné les deux clubs.
L’Espagnol Joseph Samiter, entraîneur…