Au cœur du succès de l’académie Mimosifcom, Julie Taddei est l’oublié de ce conte de fée. Un personnage clé que l’artiste écrivain Gauz au cours du spectacle à l’institut Français a tenu à mettre en lumière ce 1er février.

La pièce unique de la réussite

Si les 3 promotions formées à l’académie Mimosifcom pendant 6 ans de 1994 à 2000 se présente comme l’une des plus belles réussites voir la meilleure de l’histoire du football mondial, « c’est parce qu’elle a réussi à insérer 80% de ses joueurs formés dans des clubs professionnels répartis dans le monde entier et pouvant évoluer au plus haut niveau mondial » a renchéri Gauzz. Si ce modèle de réussite a été copié dans d’autres pays, dans les mêmes proportions (cas du Mali, Madagascar, Belgique, Algérie), avec succès sans pour autant donner un résultat aussi impressionnant, c’est bien parce que ce modèle ivoirien était unique et que toutes les composantes étaient réunies.
« Mais pourquoi personne n’a pu reproduire cette expérience ? J’ai ma théorie personnelle en échangeant avec mon pote Alex Kipré, éducateur de l’enseignement général au sein de l’académie ». Cette pièce du puzzle qui a fait la différence par rapport aux résultats obtenus par le même formateur Jean-Marc Guillou lors des autres expériences est la présence d’une mère pour tous ces enfants au cours de leur formation. Un rôle parfaitement joué par Julie Taddei, la compagne de Guillou.

L’autorité naturelle de la famille

« Bien plus qu’une école, l’académie était une famille. Et comme dans toute famille, il y avait l’autorité familiale suprême, la mère, Julie Taddei. Elle était impliquée dans tout ce qui touchait ses enfants sur et en dehors du terrain et ses enfants lui rendaient bien cela en l’appelant : Ma Fitini, qui signifie petite maman en langue Bambara, originaire du Mali. » C’est ainsi que Gauzz a bien résumé l’environnement de la formation. « Julie était partout où Guillou ne pouvait être, elle était là où le ballon ne pouvait arriver. Elle a su transformer le bonheur en lien indéfectible. Certains ont même vécu au quotidien avec elle en les adoptant littéralement, » ce fut le cas de Né Marco Taddei, qui porte son nom aujourd’hui, l’ex footballeur international, qui est à ce jour président d’Abidjan City, club évoluant en Division 3.
La première promotion nommée Yoann est un hommage au fils du couple Guillou-Taddei décédé en France en l’absence de son père. Ce dernier était au cœur de la formation des futurs grands comme : Arouna Dindane, Traoré Siaka Chico, Kolo Touré, Zokora Didier, etc… Marquons un temps d’arrêt sur Zokora Didier. « Quand le jeune Zokora Didier a perdu son petit frère Armand, lui aussi élève de l’académie, il était en pleine dépression car rongé de culpabilité. C’est Ma Fitini qui l’a rétabli à la maison chez elle, en lui apportant ce que le terrain ne pouvait lui donner. Zokora s’est si bien rétabli qu’il fut le premier transfert de l’académie. »

Une éducation au cœur de la formation

« Guillou a pris aux mots les parents qui lui ont confié leurs enfants, il est devenu leur père. Il considère chaque académicien comme son enfant et les autres membres de son staff : les coachs sportifs et les professeurs pédagogiques (Lambert, Alex, Oscar, Samy et tout le staff) étaient comme des oncles qui étaient très impliqués dans l’éducation de ces gamins. » Jean-Marc Guillou qui a fait ses recrutements dans les quartiers populaires d’Abidjan a appliqué à la lettre la demande des parents des académiciens : « C’est désormais ton enfant, prends-le et éduque-le selon tes principes ».
C’est cette éducation qui a permis de former des joueurs et surtout des hommes pour affronter la vie aussi bien dans toutes les promotions. Pour rappel, la seconde promotion baptisée Armando, en hommage au frère de Zokora fut celle de : Emmanuel Eboué, Yaya Touré, Boka Arthur, et autres. La dernière appelée Puskas est formée : Gervinho, Kalounho, Sangaré Badra Ali, etc..

« Ma Fitini est invisible, effacée de l’histoire, gommée de la plus grande success-story du football mondial, c’est pour elle que je suis là. A l’histoire du football mondial, je veux rendre une femme, une compagne, une mère naturelle, adoptive, je veux rendre Ma Fitini à tous ses enfants. » c’est par ses mots que Gauz a terminé sa présentation sous les acclamations du public.