Auteur d’une longue et riche carrière qu’il a lancé à 18 ans, Zokou Firmin, l’un des rares Ivoiriens médaillés du monde, qui vit en France depuis des années et retraité des tatamis depuis peu, se dit prêt à revenir dans son pays natal, la Côte d’Ivoire, où il a débuté sa carrière pour transmettre aux jeunes ce qu’il a appris.

 

 

Comment se passe le quotidien du néo retraité ?

C’est un quotidien chargé. J’ai beaucoup d’activités, et puis nous sommes en fin de saison donc on prévoit aussi la saison prochaine. Aussi, je suis préparateur mental donc j’ai pas mal de rendez-vous qui s’enchaînent et justement du fait que je sois fraîchement champion d’Europe, je reçois de plus en plus de demande. Donc effectivement je suis retraité du tatami mais pas du monde du travail, donc c’est très très chargé.

Pourquoi avoir décidé d’arrêter juste après ce titre ?

J’ai arrêté après ce titre, parce que j’ai fais une très longue carrière. J’ai débuté le taekwondo quand j’avais 18 ans aujourd’hui j’en ai 39, donc ça fait quand même un sacré bout de temps que je pratique cette discipline. Et au haut niveau, j’avais commencé quand j’avais entre 19 et 20 ans. C’est vraiment un long parcours. Je pense avoir apporté à mon niveau ce que je pouvais apporter au monde du combat, en tout cas dans toutes les structures où j’ai pu évoluer et à un moment donné il faut savoir s’arrêter aussi. Et puis, il y a l’âge aussi qui joue, parce qu’on est fatigué. Vous savez, c’est un sport de combat, c’est un sport d’impact donc forcément il y a beaucoup de séquelles, et comme j’ai dit, il faut savoir s’arrêter, avant qu’on ne vienne t’arrêter toi-même.

Depuis combien de temps vous nourrissiez cette idée ?

J’ai nourri cette idée depuis très longtemps, précisément depuis 2015, après ma médaille mondiale de Russie. Depuis, je pensais que j’avais assez fait, mais j’avais des gens autour de moi qui me disaient que j’avais encore des choses à faire, non pas à prouver mais à faire, parce que, ce que j’avais à prouver je l’avais déjà fait. Vous savez que quant on gagne une coupe du monde à Abidjan, c’est à dire dans son pays de naissance forcément on pense avoir atteint les sommets. Mais, j’ai écouté les conseils et puis j’ai continué jusqu’à maintenant et cela à donner ce que ça donne maintenant. Mais là, même si on n’est jamais à l’abri (rires), je pense que cette fois c’est fini.

Pendant combien de temps avez-vous pratiqué le haut niveau ?

J’ai commencé à pratiquer le haut niveau depuis 2002-2003 où j’ai rejoint l’équipe de France jusqu’en 2009 et ensuite j’ai enchaîné avec l’équipe de Côte d’Ivoire. Donc je vous laisse faire le calcul, je suis très mauvais en mathématiques (Rires).

Quels sont vos plus grands trophées ou palmarès ?

Je vais sortir un peu des sentiers battus, mais je pense que mon plus grand trophée, en tout cas à mon sens, c’est d’avoir pu apporter à la jeunesse de Côte d’Ivoire via mes résultats de 2010 jusqu’à maintenant. J’ai réussi à montrer que c’était possible, il y a une voie, c’était possible de l’emprunter. Quand je suis arrivé en 2010, on m’a interviewé en me demandant quel était mon objectif et j’ai répondu que c’était de montrer à mes frères et sœurs de l’équipe nationale et à ceux qui aspirent à y entrer qu’il était possible non seulement de battre les étrangers mais aussi gagner de grands trophées. Je passe un petit coucou à ma petite sœur Gbagbi Ruth qui a suivi mes traces et qui m’a même dépassé je dirais.

Voilà, ce sont ce genre de chose qui rendent vraiment heureux par rapport à mes trophées, si je peux le dire. Sinon à mon palmarès, on peut compter les jeux Africains que nous ne sommes pas nombreux en Côte d’Ivoire à l’avoir remporté, je suis un des 5 ou 6 médaillés mondiales de Côte d’Ivoire (Murielle Ahouré, Ta Lou Marie Josée, Gbagbi Ruth, Cissé Cheikh Salah, Koné Oumar et lui) et ça j’en suis vraiment très très fier. Ça serait bien que les autorités puissent faire un geste dans ce sens : réunir les grands champions qui ont apporté des médailles mondiales, parce que c’est une équipe fantastique. Il faut nous utiliser, parce qu’on est monté sur le toit du monde et on sait comment faire pour aider les jeunes à le faire aussi.

 

 

Qu’est ce qui explique que vous êtes moins connu en Côte d’Ivoire ?

Bon déjà c’est le fait que je vive en France. Vous le savez bien quand tu n’es pas sur place, tu ne peux pas aller sur les plateaux de télévisions et de radios, tu ne peux pas faire ta promotion, et tout cela reste très très compliqué. C’est vrai que je suis moins connu comme vous le dîtes, mais je vais y remédier, grâce à vous en occurrence en passant par votre média. D’ailleurs je me suis souviens que dès les débuts de votre média, moi-même j’ai été présent pour filer un petit coup de pouce et je suis très content que vous me rameniez l’ascenseur aujourd’hui.

Comptez-vous rester dans la discipline comme entraîneur ou à une autre fonction ?

Le taekwondo ce n’est pas juste un sport, c’est un art martial, hors un art martial ça reste un art et un art se pratique jusqu’à la fin de sa vie. Alors effectivement je ferai toujours du taekwondo, seulement que je ne ferai plus de compétition je pense. Donc, oui je reste dedans. Est-ce que je serai entraîneur ? J’ai les compétences pour, j’ai des capacités pour, j’ai des dispositions pour, mais ce n’est pas à moi de prendre la décision, il y a des instances qui sont en place à savoir la Fédération Ivoirienne de Taekwondo qui est dirigée par le grand maître Yacé, qui prend ce genre de décision. Ce sont eux les sélectionneurs des sélectionneurs, donc à eux de prendre les décisions dans ce sens là. Moi, je suis prêt, j’ai des compétences et des certifications pour ça, donc je suis ouvert, je ne me ferme pas du tout à ça, bien au contraire.

Votre mot de fin

Je remercie la Côte d’Ivoire de m’avoir donné l’opportunité de voyager partout dans le monde. Je suis très heureux d’avoir pu apporter cet espoir pour la jeunesse Ivoirienne dans le taekwondo et vraiment je serai très heureux de faire un retour pour continuer à transmettre ce que j’ai pu apprendre au travers de tous les voyages et de toutes ces compétitions auxquelles j’ai pris part.