Critiqués à tord ou à raison depuis quelques années pour leurs prestations en sélection, ils ont fini par contribuer au troisième sacre continental de la Côte d’Ivoire le 11 février dernier. Les parcours en CAN de Serge Aurier et de Max Gradel sont sans doute les plus marquants de l’histoire de la sélection Ivoirienne.

 

Evan Ndicka, Yahya Fofana, Seko Fofana, Simon Adingra, Ousmane Diomandé, Folly Ayayi, Jonathan Bamba, Oumar Diakité, Wilfried Singo, Lazare Amani, Oumar Diakité, Idrissa Doumbia et Chester Diallo au milieu de ces 13 joueurs, tous nouveaux champions d’Afrique au bout d’une première campagne se retrouvent deux vétérans qui connaissent bien la compétition : Serge Aurier et Max Alain Gradel. Les deux capitaines du onze Ivoire tant décriés par plusieurs Ivoiriens avant le début de la compétition ont fini par marquer un peu plus encore leur légende dans les marbres de la sélection et du football Ivoirien, en bouclant la 34e édition de la CAN sur la plus haute marche du podium avec leurs 25 autres coéquipiers. Cette joie, ce privilège n’arrivent pas à tous les joueurs de la planète : cette grâce de jouer et remporter une Coupe d’Afrique des Nations à domicile.

Deux capitaines aux deux étoiles

La grâce est parfois portée par ceux qui jouissent d’une longévité légendaire, ceux qui sont parvenus à se faire une place dans un groupe de superstars et de s’y être incrusté en dépit des hauts et des bas, des douleurs, de la déception et parfois du rejet des siens qui hier nous adulaient. Mais l’histoire du sport est pareille à celle de la vie tout court : tant pis pour les fainéants et ceux qui abandonnent à la moindre difficulté. Au football, le talent seul n’a jamais suffit, le travail et la résilience face aux péripéties d’une carrière sujet aux critiques à la moindre erreur et moindre relâchement est aussi une sacro-sainte des grands champions. Max Alain Gradel et Serge Aurier portent en eux les germes de ces grands champions touchés par la grâce, et récompensés au prix de leurs efforts.

La CAN 2023 décrochée à domicile est la deuxième de la carrière des deux joueurs. Ils sont les rescapés des 23 du triomphe inattendu de Bâta (Guinée Équatoriale) en 2015 sous la houlette de Hervé Renard. A cette époque, Serge Aurier (22 ans) valeur montante du football mondial, l’un des meilleurs au poste d’arrière droit disputait sa première Coupe d’Afrique des Nations. Il fut précieux dans le 5-3-2 de Renard. C’est à juste titre qu’il avait fait partie de l’équipe type de l’édition. Le natif d’Ouragahio qui avait surpris les observateurs Français en choisissant la sélection Ivoirienne en 2013 avait fêté sa première sélection le 8 juin de la même année face à la Gambie en éliminatoires du mondial 2014. Très solide sur son côté, il parvînt en quelques matchs à faire oublier l’absence d’Emmanuel Eboué d’obliger Gosso Gosso alors très bon sur ce côté à la CAN 2012 à revenir au milieu. Malgré ses performances en demi-teinte et ses écarts extra-sportif au Paris Saint-Germain puis à Tottenham, Aurier est resté indéboulonnable sur son côté lors des CAN 2017, 2019 et 2021. Il hérita même du brassard dès 2017 à l’arrivée de Marc Wilmots comme sélectionneur. Au total, le néo-sociétaire de Galatasaray compte 93 sélections avec les Éléphants en 11 ans. Il vient de boucler sa 5e CAN avec une 2e victoire.

Quant à son vice-capitaine, à qui il a donné honneur de brandir le trophée de la CAN 2023 dans le ciel d’Ebimpé en signe de respect, Max Alain Gradel, il disputait sa 7e CAN. Il a fêté sa 2e couronne en CAN le soir de sa 112e sélection. La longévité de l’ailier de 36 ans est frappante. Sa grande histoire avec la sélection Ivoirienne a débuté le 5 juin 2011 en éliminatoires de la CAN 2012. Il avait connu son premier cap face au Bénin, au Ghana en rentrant en cours de jeu. Avant donc de jouir des grands plaisirs du banquet de la fête du football Africain, Gradel a connu ses tristes nuits. Tout proche du but lors de la CAN 2012, lui et la génération dorée composée des Didier Drogba, Yaya Touré, Kolo Touré, Zokora Didier, Gervinho et autres, connurent la désillusion face à une surprenante équipe de la Zambie conduite alors par Hervé Renard. Cette nuit là, au Gabon, l’ancien Stéphanois fut inconsolable. Une difficile épreuve qui se produit un an plus tard en Afrique du Sud. Cette fois, les Éléphants tombèrent face au futur vainqueur, le Nigeria, en quart de finale. Puis, vient la première consécration en 2015 dont il fut l’un des acteurs majeurs. Son but face au Cameroun qui délivra tout un peuple lors de la dernière journée de poule est inoubliable. Le « tueur de Lions » avait déjà permis à la Côte d’Ivoire de revenir au score face au Mali (1-1) lors du premier match. Il avait même fini dans l’équipe type de cette édition. Ensuite, resurgit les douleurs de l’échec en 2017, 2019 et 2021. Lui qui était très critiqué pour ses performances jugées moyennes depuis un certain temps avec les Éléphants et pour son âge jugé aussi très avancé, s’est finalement montré indispensable dans cette nouvelle conquête incroyable. « Paul Biya » comme l’ont surnommé les Ivoiriens pour sa longévité en sélection a fini par reprendre sa place de titulaire sur l’aile de l’attaque sous Emerse Faé, alors qu’il rongeait son frein sur le banc sous Gasset depuis plusieurs matchs.

Comme un phœnix, le vétéran a su renaître de ses cendres pour participer à la rédemption permanente de la Côte d’Ivoire qu’il a remis sur le toit de l’Afrique pour la 3e fois de son histoire. En 28 matchs de CAN, Max Gradel a joué 1680 minutes pour 4 buts et 4 passes.

Serge Aurier et Max-Alain Gradel, ces deux capitaines sont définitivement rentrés dans l’histoire de la CAN. Un peu plus dans celle du football Ivoirien, en devenant les premiers Éléphants a remporté la compétition à deux reprises. Aurier pourrait tenter d’aller chercher une troisième étoile au Maroc l’année prochaine, tandis que Gradel lui pourrait tirer sa révérence sur cette belle note puisqu’il a avoué être en pleine réflexion afin de ne pas être gourmand.