Jean-Louis Gasset parti, c’est désormais Emerse Faé qui conduira les Éléphants de Côte d’Ivoire pour la suite de la Coupe d’Afrique des Nations 2023. Une mission très compliquée pour l’ancien Nantais mais qui peut s’avérer être le début formidable de sa jeune carrière d’entraîneur.

 

Le football comme tous les sports est entouré d’incertitudes. Il nous sert parfois des chutes monumentales inattendues, et nous offre également des ascensions fulgurantes. Ces événements inédits font le charme du ballon rond. Si les grandes victoires sont d’ordinaire le fruit d’un travail bien orchestré en amont, la beauté du football a aussi sa facette de surprise, cette révélation inédite qui sonne comme un miracle dans l’esprit de plus d’un. Qui aurait cru qu’après trois les matchs de poule de la « plus belle CAN de l’histoire », le sélectionneur du pays hôte, la Côte d’Ivoire allait être prié de quitter la tête de son « commando ». Jean-Louis Gasset, cet technicien expérimenté qui devait conduire les Éléphants à leur troisième victoire en CAN a été remercié avant même que la compétition ne soit terminée pour la Côte d’Ivoire. C’est dans cette ambiance délétère, remplie d’incertitudes pour l’avenir des Ivoiriens dans « leur CAN » qu’ Emerse Faé a pris la succession du technicien Français.

Un couronnement précipité

Qui aurait aussi cru que Faé serait à l’aube du second tour de cette 34e édition de la CAN, sélectionneur en chef des Éléphants ? Le football démontre là aussi tout son charme. Oui, il le savait en venant en Côte d’Ivoire, ce poste lui était promis, après la parenthèse Jean-Louis Gasset. Mais comme tous les Ivoiriens, Emerse Faé ne s’était jamais imaginé sélectionneur principal en cours de compétition. Il devait prendre la succession de son ex-mentor si ce dernier n’atteignait pas le dernier carré de la compétition. Le destin a bien voulu que l’ancien milieu de terrain se retrouve là, dans un moment qui semble être le plus critique de l’histoire de la sélection Ivoirienne. Depuis hier, Emerse Faé est le sélectionneur national de la Côte d’Ivoire. L’espoir de tout un peuple, très remonté contre sa sélection et ses dirigeants, après l’humiliation subie face à la Guinée Équatoriale, repose désormais sur ses épaules.

Une histoire à marquer

Dans l’esprit de plusieurs Ivoiriens, Emerse Faé n’est pas un messie. Mais le départ de Jean-Louis Gasset voulu, est pour eux un soulagement. Aucun miracle n’est cependant demandé à l’ancien Niçois qui hérite d’un groupe pas assez prêt pour cette compétition et qui est encore sous le choc du traumatisme du lundi dernier. Mais, le nouveau boss des Pachydermes sait pertinemment que c’est là une occasion pour lui de marquer l’histoire. Dans l’histoire du football, plusieurs entraîneurs ont saisi leurs chances dans ces conditions. José Mourinho était un parfait inconnu quand Benfica, puis Porto lui ont fait confiance. Une opportunité qu’il avait bien saisi pour tracer le chemin de sa gloire. Pep Guardiola n’a jamais entraîné au haut niveau, il n’avait jamais rien prouvé avant de faire du FC Barcelone l’une des meilleures équipes de l’histoire du football et devenir l’un des meilleurs à son poste. Zinedine Zidane, a lui aussi saisi l’opportunité au Real Madrid en remportant trois ligue des champions consécutives. Faé peut aussi s’inspirer de l’histoire de Walid Regragui qui avait pris la succession de Vahid Halilhodzic juste avant le mondial 2022. Le vainqueur de la ligue des champions 2021 avec le Wydad Athletic de Casablanca avait écrit l’histoire au Qatar en permettant au Maroc de devenir la première nation Africaine à jouer une demi-finale d’une coupe du monde.

S’il n’est pas nécessairement sous pression, vu le chaos dans lequel il reprend cette sélection, Emerse Faé, en homme intelligent sait pertinemment qu’il a là une belle carte à jouer. Face au Sénégal que la Côte d’Ivoire affrontera le lundi 29 janvier à Yamoussoukro pour le compte des huitièmes de finale, il a une occasion de frapper un grand coup. L’homme qu’on attendait pas n’a rien à perdre. Lui et son équipe ne partiront pas favoris face au champion sortant. Il lui faudra juste trouver les mots pour remobiliser Franck Kessié et ses amis dont le moral n’est pas à son plus haut degré. Il lui faudra extraire les imperfections de l’ère Gasset et imposer ses idées, travailler d’autres schéma de jeu que le 4-3-3 figé ou le 3-5-2 illisible de son prédécesseur pour remettre de l’huile sur la machine des Éléphants qui n’est certes pas la meilleure sur le continent, mais qui n’est pas une carrosserie à côté de celle du Sénégal.

Les Lions de Teranga viendront avec le maximum de confiance. Il faudra simplement rappeler aux joueurs que historiquement, les champions en titre ne sont pas ceux qui font le plus peur. Sur les 5 dernières confrontations, les Éléphants comptent 3 victoires pour 2 nuls.

Emerse Faé s’y attendait pas de sitôt, mais il est bien là avant ce choc. Si tout semblait être mort jusqu’à ce que le Maroc nous ramène à la vie, il doit prolonger cette rédemption inespérée, pour se faire une place à jamais dans le cœur des Ivoiriens et lancer parfaitement sa jeune carrière d’entraîneur dans le rôle du numéro 1.

À toi de jouer, cher Emerse Faé !