CAN U17 / Bassiriki Diabaté :  » Jouer le tenant du titre est stimulant et très intéressant « .

Par Guy Jaures

La Côte d’Ivoire sera face au tenant du titre, le Sénégal, pour les quarts de finale de la CAN U17, ce vendredi 11 avril. Avant ce choc ouest-africain, le sélectionneur ivoirien Bassiriki Diabaté s’est présenté à la traditionnelle conférence de presse.

Votre sentiment avant ce quart de finale contre l’équipe nationale du Sénégal.

Avant tout, je voulais saluer l’organisation. Certes, c’est une compétition de jeunes. La CAF a mis la barre très haut au niveau de l’organisation. Le dispositif s’apparente à celui des professionnels, des équipements, des entraînements et autres. Il était important pour nous de souligner cela. Et aussi, saluer le peuple marocain pour son hospitalité et son engagement autour de cette compétition. Au niveau de la compétition, proprement dit, on a vu de bonnes équipes, de très bons matchs. Des matchs de haut niveau qui, aujourd’hui, prouvent qu’en Afrique, il y a du boulot qui est fait au niveau du football. Et cela est assez intéressant dans la mesure où l’Afrique, au niveau du football des jeunes, commence à élever son niveau de jeu et à répondre aux normes internationales. Sur cette première partie de compétition, c’est ce que nous retenons.

Votre équipe est la meilleure attaque du tournoi et dans deux jours vous jouez le Sénégal qui a la meilleure défense. Que retenez-vous de cette équipe sénégalaise que vous avez sûrement vu jouer ?

Nous n’avons pas fait de vidéo sur le Sénégal. Peut-être que je vais vous décevoir. Pour nous, le plus important, c’est la mise en œuvre de notre projet de jeu et l’élaboration d’un processus que nous avons mis en place depuis deux ans et demi. Pour nous, c’est de s’appuyer sur cette force-là, plutôt que de s’attarder ou de se focaliser sur l’adversaire. Parce que le plus important, c’était justement de permettre à ce projet-là de s’exprimer, d’éclore. Du coup, nous ne faisons pas de fixation sur l’adversaire. Nous nous concentrons sur nos valeurs, nos principes et nos acquis.

Doit-on s’attendre à un duel physique dans ce match Sénégal-Côte d’Ivoire ?

Défis physiques ? Vous savez que ce n’est pas le style de jeu de la Côte d’Ivoire. L’ADN de la Côte d’Ivoire, tout le monde le sait, c’est un football fait en mouvement et avec des petites passes, plutôt qu’un football rugueux et rude. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que nous allons inventer. Ça fait partie de notre culture, de nos réalités socioculturelles, et de notre ADN, en un mot pour le dire. Du coup, nous allons rester sur ça. Aller dans un combat physique avec le Sénégal, je pense que ça serait suicidaire pour nous. Parce que nous n’avons pas un projet de jeu qui s’y prête.

Depuis 1960, la Côte d’Ivoire bat toujours le Sénégal. Le Sénégal est considéré, malgré la qualité de ses hommes et de ses joueurs, comme un adversaire que la Côte d’Ivoire a le plus battu. Est-ce que cela vous donne de la force à rendre encore ces retrouvailles demain pour ce match de quart de finale de U17 ?

Heureusement que vous parlez de l’histoire. Vous savez qu’au football, rien n’est acquis d’avance. Aucune réalité n’est une certitude. Le résultat d’un match de football dépend de la forme du moment, la forme du jour J, des choses qu’on ne peut pas prévoir. Certes, on prend des dispositions, des précautions, mais c’est un facteur humain assez fluctuant. La forme du moment dépend de beaucoup de paramètres. Il y a le paramètre psychologique, la gestion du stress, l’état d’esprit, la cohésion du groupe, la relation avec les médias, avec les supporters, avec la famille. On peut avoir beaucoup. C’est toute une science psychologique multisectorielle et multidimensionnelle. On ne peut pas prévoir, on ne peut pas quantifier.
Du coup, un match de football, comme je vous l’ai dit, est assez imprévisible avec beaucoup de paramètres qu’on ne peut pas maîtriser. Donc, il faut attendre la prestation et la forme au coup de sifflet du match, au moment du match. Le match dure 90 minutes et tous ces paramètres l’un dans l’autre permettent de déterminer, de définir l’issue d’une rencontre. Donc, l’histoire, certes, est peut-être en notre faveur, mais les paramètres qui déterminent l’issue d’une rencontre dépendent des 90 minutes durant le match.

Lors de la CAN 2023 Senior, le Sénégal, en tant que tenant du titre, a été éliminé dès le deuxième tour, par la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’histoire se répète, même si on est dans une autre catégorie. Dès le deuxième tour, le Sénégal, en tant que tenant du titre, va affronter la Côte d’Ivoire. Est-ce que cela vous donne plus de motivation à vaincre cette équipe sénégalaise ?

Jouer le tenant du titre est stimulant et très intéressant, dans la mesure où on a une opportunité d’affronter un mondialiste. Après le sacre, le Sénégal a représenté l’Afrique au Mondial. Le Sénégal, pour moi, est l’une des meilleures équipes de cette compétition, assez structurée, avec de très bons joueurs. C’est pour nous une occasion aussi d’essayer d’élever notre niveau de jeu face à un grand, une très belle équipe. Mais pour nous, je vais vous dire, l’objectif majeur en venant ici au Maroc, c’était de prendre l’un des dix tickets pour le Mondial. Et croyez-nous, ce n’est pas un objectif qui a été fixé il y a deux semaines, mais c’est un objectif qui a été fixé il y a deux ans. Du coup, pour nous, l’objectif majeur, c’était surtout ça. Objectif atteint, tout ce qui arrive aujourd’hui est du bonus. Et d’autant plus que jouer le tenant du titre est, pour moi, le plus gros bonus. Et une très belle équipe que nous avons vu évoluer. Et du coup, pour nous, l’opportunité même de jouer le tenant du titre, le champion en titre, vaut son pesant d’or. Au-delà de tout enjeu, au-delà de tout objectif, pour nous, ce match seul suffit.

Quel est l’état de l’infirmerie ?

Je pense que tout le monde est apte, dans la mesure où le médecin et son staff font un travail remarquable. Pour nous, ils font beaucoup de prévention. Et cela minimise énormément les risques de blessures ou de maladie. Vous savez que ces garçons appartiennent à des académies, pour certains, à des clubs pour d’autres. Pour nous, le plus important, c’est de les rendre dans leurs clubs ou académies, dans leur état physique et de forme optimale. Du coup, nous faisons beaucoup attention à tout cela. Le plus important pour nous, c’est la santé des athlètes. Parce que demain, si tu rends les joueurs dans un état un peu laborieux, pour les prochaines et les futures convocations, il y aura une certaine réticence des clubs. Nous faisons beaucoup attention à ça. Et je pense qu’il y a un travail assez remarquable qui est fait à ce niveau. Nous avons zéro blessé à l’infirmerie pour le moment. Et le choix se fera forcément dans le groupe. Et le plus important, comme on vous le dit toujours, pour nous, c’est le groupe qui est mis en valeur. Et je ne peux même pas vous dire qui va jouer, parce qu’aujourd’hui, c’est de faire participer tout le monde. Quand on emmène des jeunes à une compétition, il faut leur donner du plaisir. Il faut leur permettre de s’exprimer. Et ce n’est pas forcément parce que nous allons jouer le quart de finale que nous allons priver certains garçons du plaisir.

Vous allez opter pour un bloc bas où continuer à jouer l’offensive ?

Ce sont deux équipes du même style. La Côte d’Ivoire aime le ballon, aime jouer. C’est le but du jeu, d’ailleurs. Et nous n’avons pas une équipe orientée vers la défensive. Je ne sais pas le faire, en tant qu’entraîneur. Je peux vous le dire tout de suite, je ne sais pas défendre. Nous, on prône le football total.

Propos retranscrit par Ouattara Gaoussou, envoyé spécial

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