Ligue Professionnelle de Football : Salif Bictogo dresse un bilan sans détour de la saison 2024–2025

Par Guy Jaures

Le président de la Ligue Professionnelle de Football, Salif Bictogo, a profité d’un point presse pour faire le bilan de la saison 2024–2025. Un exercice de transparence au cours duquel il est revenu sur les succès, les limites, et les perspectives du football professionnel ivoirien.

Une saison dynamique, mais marquée par des tensions

La saison écoulée a été « très suivie et très disputée », selon le président. La Ligue 1 Lonaci a livré un beau vainqueur, tandis que la Ligue 2 a atteint un niveau de compétitivité élevé. Cependant, les enjeux ont parfois généré des incidents regrettables. « Personne ne voulait descendre », a reconnu Bictogo, soulignant la pression pesant sur les clubs.

Infrastructures et arbitrage, les deux grandes difficultés

Le président a évoqué en premier lieu le casse-tête lié aux infrastructures : dépendance à l’Office National des Sports (ONS), reprogrammations fréquentes, conflits de calendrier avec d’autres compétitions et contraintes imposées par les partenaires TV. Il a néanmoins salué le travail des équipes de la Ligue pour avoir su gérer ces contraintes. Quant à l’arbitrage, malgré les critiques, Bictogo estime que la saison a été globalement satisfaisante : « Sur 909 matchs disputés, les réclamations sont restées marginales », a-t-il précisé, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer la formation des officiels.

La VAR, une ambition freinée par la logistique

Annoncée en début de saison, l’Assistance Vidéo à l’Arbitrage (VAR) n’a été utilisée que sur deux rencontres. Un échec logistique assumé : « Nous n’avons pas obtenu toutes les autorisations nécessaires et le déplacement du camion VAR a été un obstacle », a reconnu le président. L’objectif est d’étendre son usage la saison prochaine, tout en relativisant : « Ce n’est pas une panacée. »

Récompenses individuelles : une cérémonie ambitieuse attendue

Le Président Salif Bictogo a confirmé que les distinctions individuelles auront bien lieu, mais dans un format revisité : « Nous voulons organiser un événement grandiose, en prenant en compte tous les matchs de la saison, pas seulement ceux qui se sont disputés à Abidjan. » L’idée est d’associer la Direction Technique Nationale à la sélection des lauréats, en s’appuyant sur des critères objectifs et une meilleure couverture du territoire.

Subventions : plaidoyer pour une revalorisation

Interrogé sur le gel des subventions depuis plusieurs années, Salif Bictogo a affiché son soutien clair aux clubs : « Nous méritons mieux », a-t-il martelé, plaidant pour une revalorisation des montants avant la fin de son mandat. Il rappelle néanmoins que ces décisions dépendent du COMEX de la FIF. Depuis l’arrivée du Comex dirigé par Idriss Diallo, chaque club de Ligue 1 touche une subvention de 100 millions de FCFA chaque saison, 50 millions pour chaque club de Ligue 2. Cette saison, le champion de la Ligue 1 (Stade d’Abidjan) a touché 25 millions de FCFA, quand le vainqueur de la Coupe Nationale (FC San Pedro) a empoché une enveloppe de 17 millions de FCFA.

Reforme des montées/descentes : la piste des barrages étudiée

À propos du système de promotion/relégation, le président s’est dit favorable à des barrages entre les deux meilleurs deuxièmes (poule A et poule B) de Ligue 2. Ce qui permettrait 3 montées en Ligue 1 pour 3 descentes en Ligue 2. « Mais ce type de réforme ne peut se faire qu’avec l’accord de l’Assemblée Générale », a-t-il précisé, appelant les clubs à prendre leurs responsabilités.

Reconnaissance internationale et mobilisation du public

Bictogo a salué la reconnaissance de la FIFA (un courrier envoyé au Stade d’Abidjan pour le féliciter après son titre de champion) pour la bonne organisation du championnat et a rappelé les efforts consentis pour ramener le public dans les stades : tickets gratuits, animations musicales comme avec Samy Succès au Stade Laurent Pokou de San Pedro, etc. Mais il regrette le manque d’implication de certains clubs dans la mobilisation de leurs supporters.

Jeunes, stades et avenir : des chantiers cruciaux

Le président a également reconnu les difficultés à maintenir le championnat des jeunes, en raison du manque de stades et d’un calendrier trop chargé. Une nouvelle formule, régionale, est à l’étude pour 2025–2026. Il appelle aussi l’État à investir dans la réhabilitation des stades régionaux, estimant qu’avec 3 milliards FCFA, plusieurs enceintes peuvent être remises aux normes.  » J’ai entendu parler de la réhabilitation du Stade de Bondoukou pour un coût de 3 milliards. Je pense qu’avec 3 milliards je pourrais réhabiliter 3 à 4 stades ». Il faut penser à réhabiliter les stades de l’indépendance « , a-t-il souligné.

Enfin, un championnat expérimental de type « Jeux Olympiques » pour les U23 est prévu, pour préparer les jeunes à la compétition de haut niveau.

Un appel à la co-construction

À l’approche de la nouvelle saison, Salif Bictogo veut croire à un élan collectif : « Ce n’est pas l’affaire du président seul. C’est la responsabilité de tous : clubs, Ligue, État, supporters », a-t-il conclu. En insistant sur le respect des calendriers, l’amélioration des infrastructures et la juste récompense du mérite sportif, il fixe clairement le cap d’une professionnalisation plus rigoureuse du football ivoirien.

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