On célèbre les trophées, on acclame les performances. Mais qui se soucie des tempêtes intérieures que traversent les sportives pour y parvenir ? En Côte d’Ivoire, la santé mentale dans le sport féminin reste dans l’ombre, alors qu’elle est l’un des déterminants majeurs de la performance durable.
Les récentes compétitions internationales ont confirmé la montée en puissance du sport féminin ivoirien. L’équipe nationale féminine de basketball a marqué l’AfroBasket 2025 en atteignant les quarts de finale à Abidjan, portée par un public en fusion et des prestations solides. L’équipe féminine de floorball a offert au pays un sacre continental historique en remportant la Coupe d’Afrique 2025 dans une discipline encore méconnue mais en plein essor. Ces exploits méritent l’admiration. Mais derrière chaque performance, il y a souvent un combat intérieur que les statistiques ne montrent pas.
C’est là que s’inscrit le programme Fighters NextGen, lancé par l’ABC Fighters avec le soutien de Yango, entreprise technologique mondiale implantée en Côte d’Ivoire. Conçu pour préparer une nouvelle génération de basketteuses, il accompagne 30 jeunes filles âgées de 16 à 23 ans dans un parcours qui combine performance sportive, mentoring et bien-être mental. Leadership, éducation financière, gestion du stress et nutrition font partie des modules. De mai à août, elles transmettent aussi leur savoir à plus de 400 filles dans des camps d’initiation, prouvant que la transmission et la résilience font partie intégrante du sport.
Les chiffres rappellent l’urgence. Selon le Centre McLean (Harvard), 35 % des athlètes de haut niveau souffrent de troubles psychiques, et les femmes sont particulièrement vulnérables : 13 % des sportives universitaires américaines présentaient des symptômes d’anxiété sévère et plus de 6 % de dépression. En Afrique, une étude de 2022 auprès de jeunes footballeurs du Maroc, du Cameroun et de Côte d’Ivoire révèle que 81,8 % présentaient des symptômes dépressifs et 72,3 % des signes d’anxiété. En Côte d’Ivoire, le manque d’accompagnement est criant : un seul hôpital psychiatrique pour plus de 22 millions d’habitants, et très peu de structures sportives intégrant un suivi psychologique. Dans ce contexte, des programmes comme Fighters NextGen montrent la voie : préparer une athlète, ce n’est pas que l’entraîner physiquement, c’est aussi l’équiper mentalement.
Le sport féminin ivoirien est en plein essor. Pour que ses victoires soient durables, il est urgent d’intégrer la santé mentale dans l’ADN du sport. Car une championne n’est pas celle qui ne fléchit jamais, mais celle qui apprend à se relever et qui, grâce à l’accompagnement, n’a plus à le faire seule.