Baky écrit : Macalou, hors des clous

Par Prince de GBA

BAKY ÉCRIT – Toujours à l’affut de l’actualité, notre chroniqueur Bakary Meïté s’arrête sur le cas de « son ami » Sekou Macalou. Pour lui, le troisième ligne de métier, réaliser de telles prestations à un poste aussi différent relève de l’exploit.

Sékou Macalou est unique. Il faut bien le dire. Alors je m’y colle.

Délesté de toute la subjectivité inhérente à la proximité et à l’accointance que l’on partage, j’aimerais revenir sur sa situation et notamment sur son positionnement et les postes qu’il occupe tour à tour sur le terrain.

Nous sommes les témoins privilégiés de ce qui, à mon sens, est inédit. Un joueur qui performe, qui excelle même dans sa discipline. A deux postes différents. Dans un sport aux postes et caractéristiques si privatives. Car c’est bien de ça qu’il s’agit.

J’entends déjà les cris d’orfraie : d’autres l’ont fait avant lui ! Je vois déjà poindre les intercesseurs de Botia, Raisuqe, Bastareaud ou plus récemment de Lamerat. Et je vous rejoindrais bien là-dessus. Des trois-quarts, tous capés à l’international, venus s’encanailler en troisième ligne (poste qui m’est cher) et se réchauffer lors des joutes parfois pugilistiques du 8 de devant. Choix souvent dicté par la foultitude de blessures qui ne laissait à l’entraîneur aucune autre alternative. La patente leur est rendue ici. Messieurs, chapeau bas !

Concernant notre ami Sekou (vous voyez que ce n’est pas uniquement le mien) on est sur le trajet inverse. Comme sur le terrain, il prend tout le monde à revers. On parle là d’un des meilleurs troisième ligne du Top 14. International à ce poste. Qui réussit la prouesse de jouer la quasi-intégralité de ses derniers matchs internationaux au poste d’ailier. J’insiste. Matchs internationaux.

Loin de moi l’idée de vouloir déprécier les performances de Rémi Lamerat sur le flanc de la mêlée béglaise, ou même l’explosivité de Mathieu Bastareaud au poste de numéro 8 qui m’a parfois fait lever de mon siège. Mais on est quand même sur un autre type d’accomplissement. Respectivement 69 et 65 minutes de haut vol face à l’Afrique du Sud et le Japon.

Performance qui a fait trépasser les derniers sceptiques et leurs réserves quant à sa capacité à être compétitif à ce poste. Si Arendse (l’ailier des Bulls) reste méconnu pour certains, la réputation de son pendant à l’autre aile, Cheslin Kolbe, précède ce dernier.

Les deux ailiers, dits de poche, sont passés dans la zone de chalandise de Sekou et s’en rappellent encore.

L’autre difficulté de ce changement réside dans l’appréhension du jeu sans ballon que requiert le poste de l’ailier. Que ce soit en attaque ou en défense. Les placements et replacements sont incessants pour notamment avoir le bon timing. Car vous l’aurez compris, être rapide pour un ailier ne suffit pas. La couverture du champ profond n’est pas chose aisée et les repères y sont primordiaux.

Tout cela, Sekou se l’est approprié avec une facilité déconcertante lors des matchs contre de redoutables champions du monde sud-africains et de pugnaces et revanchards Japonais. Le laboratoire « marcoussien » a révélé un étrange phénomène. Qui ne s’est déballonné ni sur la pelouse du Vélodrome, ni sur celle du Stadium. Lui, qui n’avait pas quitté sa parka et n’avait eu que l’en-but pour s’exprimer lors du match inaugural de ces tests automnaux contre les Australiens.

Le tout avant de retourner tranquillement au poste de 8 ou de 7 avec son club du Stade français, et expédier les affaires courantes : contres en touche, ballons hauts, ballons grattés, plaquages, essai. Tout y est.

Avec la complicité de son futur ex-entraîneur, il se paye même le luxe de commencer les matchs à un poste et de les finir à un autre. L’insolence est totale. L’admiration l’est tout autant.

Alors, n’essayez pas de lui chercher des poux sur son crâne chauve. Prenez place et regardez, car vous ne reverrez pas ça de sitôt. On souhaite à Sekou d’emprunter le chemin du roi. Car le voyage vers la prochaine Coupe du monde sera bucolique.

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